Voilà le moment tant attendu où, enfin, on peut relire Virginia Woolf, comme on se l’était promis il y a quelques semaines. Tout est prêt : la fiche bristol sur laquelle on a reporté les titres qu’on veut relire, le cahier sur lequel on prendra des notes, le crayon 3B avec lequel on aime écrire, les petits post-it qui permettent de marquer parfois des pages.
Et ce qui est prêt, surtout, ce sont les livres. Déjà, quand on a emménagé dans cette toute petite maison, on a consacré un espace dans la bibliothèque de la chambre, à Virginia Woolf. On sait, depuis qu’on a décidé de la relire, qu’on reprendra tout d’abord La chambre de Jacob. Pourquoi ? Parce que c’est le premier qu’on a lu.
On était très jeune – trop peut-être pour mesurer l’ampleur de ce qu’on lisait alors. Mais on avait soif de lire, et on donnait l’impression de lire plus qu’on ne respirait. Dans la bibliothèque municipale, on avait contemplé le rayon qui présentait ses ouvrages. On voulait lire Une chambre à soi : on le répète, on était jeune, on était férue de féminisme et on venait de lire Beauvoir. On connaissait le thème d’Une chambre à soi et on voulait continuer dans ces lectures manifestes. Le livre était emprunté. On avait attrapé La chambre de Jacob ; Une chambre à soi, La chambre de Jacob….
A la maison, assise au bureau, prête pour noter des faits précis, des phrases chocs, on avait commencé le roman, et le monde ne fut plus jamais comme avant :
« Dans ces conditions, bien entendu, écrivait Betty Flanders, enfouissant de plus en plus ses talons dans le sable, il n’y avait pas autre chose à faire que de partir."
Lentement amassée à la pointe de sa plume, une pâle encre bleue noya le point final, où le stylo s’était immobilisé. »
betty flanders
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Un été avec Virginia Woolf : La chambre de Jacob. 1/2