Au détour d’une rue du centre-ville, une clématite Armandii en pleine floraison.
Les fleurs blanches aux anthères jaune pâle ont un doux parfum.
Il y a là une multitude d’étoiles.
Bien que nous soyons dans une rue ordinaire, en pleine après-midi, il y a là comme un ciel étoilé, splendide et lumineux, quand la nuit est claire et qu’en le regardant, on se souvient de ce qu’on nous disait, enfant, quand quelqu’un mourait : qu’il y aurait une étoile de plus dans le ciel.
Dans le ciel de la clématite, les fleurs étaient trop nombreuses pour qu’il soit possible de les compter à moins d’arriver à un chiffre qui soit infini.
Mais ce ciel-là, de fleurs blanches et odorantes, c’était un vrai bonheur du jour : une de ces petites aspérités qui permet de solliciter, à un moment précis, son intime élan vital pour mieux faire face à ce monde d’aujourd’hui, insensé.
La clématite Armandii a la richesse de la vie.
Dans quelques temps, il y aura des glycines parce que ce sera le printemps qui revient toujours, quoiqu’il en soit.
Comme les petits bonheurs du jour : vaciller peut-être, mais ne pas tomber.
bonheur du jour
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Clématite Armandii
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Petite moisson de Bonheurs du Jour.
Effeuiller sur un plateau un gros bouquet de verveine qui vient du jardin voisin pour que les feuilles sèchent bien avant d’être rangées dans le pot en fer qui leur est dédié depuis toujours.
Papoter un instant avec une petite qui rentre de l’école et raconte qu’elle a vraiment beaucoup travaillé aujourd’hui avant de demander si soi-même on a beaucoup travaillé aussi, ce à quoi on répond qu’effectivement on a eu une grosse journée.
Brosser les chats.
Planter des boutures de géranium.
Lire quelques poèmes d’Anna Akhmatova.
Piocher dans la réserve de miel rapporté d’Italie pour offrir un pot à quelqu’un qu’on aime bien.
Profiter d’un jour de mistral pour faire des lessives, comme on l’a toujours vu faire.