Aujourd’hui, la durée du jour sera la plus courte de l’année et la durée de la nuit la plus longue : c’est le solstice d’hiver.
J’ai longtemps vécu des solstices d’hiver. Chaque jour était un solstice d’hiver. J’étais dans la nuit. J’étais une nuit. Mon regard ne pouvait se poser sur quelque chose de beau, mes mains ne pouvaient toucher quelque chose de doux, mes oreilles ne pouvaient écouter quelque chose d’harmonieux. Tout autour de moi, il n’y avait aucun air à respirer, aucune eau pour se désaltérer, aucune lueur pour s’éclairer. C’était la réalité de ma vie.
Oui. Mais… En moi ? Qu’est-ce qu’il y avait en moi ?
Car, intuitivement, je sentais la lumière en moi. Fugace. A peine une lueur, certes. Mais Lumière. De celle qu’on ne peut éteindre.
Je me suis inclinée de l’autre côté de la nuit jusqu’à lui tourner le dos.
J’ai soufflé sur ce qui avait été flammes vives et se mourait pour que je ne porte que la nuit : il y a de la chaleur dans les braises...
Un filet d’air, très court tout d’abord, puis un peu plus long, puis encore plus long.
Souffler : respirer.
Désormais, les nuits, qui existent bien, n’ont plus de prise sur les jours.
Je suis un solstice d’été.
Bon solstice à chacun !