Il y a des moments, comme ça, dans la vie, où comme dans une chute on ne sait plus où sont bras et jambes, haut et bas, devant derrière, le temps a chaviré sans rien nous avoir demandé. Quel jour sommes-nous ? Quelle heure est-il ? Où sommes-nous ? Qui est là ?
Certaines choses sont restées, comme un bruit de pas qu’on reconnaîtrait encore sans hésitation, si c’était encore l’heure du retour pour le dîner du soir ; ou, plus clair encore, le cliquètement des clés dans la serrure.
D’autres sont tapies dans un endroit tranquille, comme des chats au plus profond de leur sieste, abandonnés à un ailleurs flottant. Elles attendent simplement un signal qu’elles sont seules à connaître pour se réveiller, s’étirer, et rester là, dans ce qu’elles croient être le quotidien d’avant.
Comme, dans le magasin, ce nouveau rayon de paquets de café en grains devant lequel on s’arrête. Un paquet en main, on en tâte les grains, et on le rajoute au panier de courses.
A la maison, on ressort d’en haut du placard le moulin à café électrique qu’on avait acheté au tout début de sa vie d’adulte et dont on s’était servi quelque temps, jusqu’à ce qu’on pense plus judicieux d’utiliser du café déjà moulu. Il faut le nettoyer. Puis, on prend le paquet de café et on se souvient de ce geste d’antan qu’elle faisait, elle aussi, chaque matin.
Se servir du couvercle du moulin comme dose et le remplir de grains.
Verser ensuite les grains dans le moulin.
Moudre finement.
Faire quelques pauses pour remuer le moulin afin que tout le café soit bien moulu de la même façon.
Rouvrir le moulin et laisser le parfum du café se répandre dans la cuisine.
Verser le café tout juste moulu dans le filtre.
Mettre en route la cafetière.
geste d'antan
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L'antan