Lire Anne Perrier est sans fin. Le volume qu’on a ici de ses poésies n’a pas de place parmi d’autres livres sur une étagère. Non, il va et il vient : sur la commode, sur le bureau, sur le lit, sur la chaise, sur la table de chevet. On prend le livre. On l’ouvre. On lit un poème. On referme le livre. On continue à vaquer. Paisiblement.
Laissez venir à moi mes paysages
Maintenant tous les rêves ont fui dépouillés
Mon cœur se fait secret comme un autel
Laissez venir à moi mes paysages
Pour qu’ils bâtissent du silence
Où se taisent les voix qui m’ont blessée
Je me souviens d’un ciel immense dans les yeux
Je me souviens d’étoiles sur le front
Tièdes comme des mains abandonnées
Je me souviens d’amour coulant sur le visage
Et d’un chemin bleu jusqu’au bout du cœur
Oh croire qu’on est chose aussi sans désespoir
Laissez venir à moi mes paysages
Anne Perrier, Selon la nuit, 1952, in La voie nomade et autres poèmes, L’Escampette Editions, 2008
laissez venir à moi mes paysages
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