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michel pastoureau

  • Gris espérance.


    Le long de la plage des Sablettes, tout est gris alentour.
    Même le sable.
    Comment nommer cette teinte de gris pour le sable ? Gris sable. Sable gris ? Non, car ce sable-là n’est pas gris comme celui de la plage de Fabregas qui, en ce jour sombre, doit être gris anthracite. Gris jaune ? Gris jaune-vert ? Gris taupe, là où les posidonies ont été amassées par le vent.
    A moins que cette dernière teinte, gris taupe, soit réservée pour le sable mouillé que lave à chaque ressac les vagues dont l’écume est, là c’est certain, gris très clair, quasi blanc, donc un blanc gris de brouillard.
    Quand les vagues rejoignent la mer, elles ne font plus qu’onduler dans un camaïeu de gris vert dans lequel le gris souris domine alors que le ciel, s’il est gris lui aussi, est simplement gris clair ou foncé, selon l’humeur de chaque nuage bien que l’un d’eux, tout à coup, d’un brillant gris de cendre, déboule et roule vers St Elme.
    Quant au Mai, la colline qui domine les Sablettes, le gris anthracite en a lissé tous les reliefs.
    Tout est gris. Pourtant, tout est beau, largement ouvert et on pense alors à ce gris espérance dont Michel Pastoureau disait, dans une de ses conférences, qu’il s’opposait, au Moyen Age, au noir, citant le poète Charles d’Orléans.
    Alors, on peut dire qu’en ce jour-là, plage des Sablettes, en début d’un après-midi de janvier, tout est gris espérance.


    Conférence de Michel Pastoureau, Gris, couleur de l’ombre, Fondation de l’Hermitage, donnée le 17 octobre 2019