Partir en début d’après-midi, pour un moment salle d’attente. Se rendre compte qu’on a oublié les lunettes. Revenir. Repartir. Se rendre compte qu’on a oublié le dossier. Revenir. Repartir. Craindre d’être fort en retard et sentir poindre une tension qu’on sait néfaste. A ce moment-là, à la radio, Régine Crespin chante Les nuits d’été de Berlioz. Garer la voiture sur une place de parking car ce chant-là entre au plus profond des âmes et on ne saurait faire autre chose tout en l’écoutant. Ecouter Régine Crespin chanter Les nuits d’été de Berlioz, c’est vivre.
Alors, on écoute. Et il y a le ciel d’un bleu magnifique ; le Faron et le Coudon dont le soleil illumine les pierres blanches de leurs pentes jusqu’à les rendre comme des petits diamants ; la mer qui clapote son bleu d’outremer avec lequel les mouettes jouent joyeusement.
On ose chantonner tout bas, en relevant quelques mots par-ci, par là.
Quand le chant est terminé, on repart. Et on arrive à l’heure, finalement.
Quand viendra la saison nouvelle,
Quand auront disparu les froids,
Tous les deux nous irons, ma belle,
Pour cueillir le muguet aux bois.
Sous nos pieds égrenant les perles,
Que l’on voit au matin trembler,
Nous irons écouter les merles siffler.
…Mais ne crains rien, je ne réclame
Ni messe ni De Profundis,
Ce léger parfum est mon âme
Et j’arrive du Paradis….
…Ce léger parfum est mon âme
Et j’arrive du Paradis….
…Mon destin fut digne d’envie,
Et pour avoir un sort si beau
Plus d’un aurait donné sa vie….
quand viendra la saison nouvelle
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Les nuits d’été et Régine Crespin.