Hier, puisque qu’on passe devant la gare de Toulon en sortant de la Médiathèque et que justement on doit prendre un billet de train, on y entre en confiance et on cherche un guichet avec un guichetier ou une guichetière à qui on s’adressera de la façon suivante : « Bonjour Madame (ou bonjour Monsieur), je voudrais un billet de train pour X., s’il vous plaît, tel jour, le matin de bonne heure si possible vers 8h. »
Après avoir traversé la gare dans plusieurs sens, on remarque qu’une dame semble chercher quelque chose aussi. Les regards se croisent. Des sourires s’échangent. La dame cherche elle aussi un guichet où elle pourrait parler à un guichetier ou une guichetière car elle doit acheter un billet de train et suppose qu’elle doit avoir une correspondance mais où ? On décide d’unir nos forces pour, dans un premier temps, trouver quelqu’un qui peut nous renseigner sur l’endroit où pourrait être ce guichet où on pourrait s’adresser à un guichetier ou une guichetière connaissant par cœur tous les horaires et maîtrisant les subtilités des correspondances. Las, on ne trouve personne.
On ne peut que faire face à la machine à billets de train devant laquelle nous restons, dubitatives. Nous philosophons sur le fait qu’on ne puisse plus qu’en de rares occasions converser avec un être humain lors d’une transaction, quelle qu’elle soit. Puis, nous évoquons les bons souvenirs d’antan : les billets de train sur des fiches cartonnées, les almanachs des horaires des trains de la France entière... Enfin, nous nous lançons à l’assaut de la machine à billets, désolées malgré tout d’avoir à jouer à la marchande avec une machine.
Au bout d’un moment, nous finissons par avoir le fou-rire devant le constat de notre incompétence machinesque, ce qui attire vers nous un jeune qui nous a pris en pitié et nous permet, en deux temps trois mouvements après avoir enlevé ses écouteurs, d’accéder à ce pour quoi nous étions venus : le billet de train. Tout ceci se termine devant un café, le temps que ledit jeune qui connaît bien le problème puisqu’il a encore une arrière-grand-mère, nous confie-t-il, installe sur un des deux téléphones, l'autre étant trop ancien, une de ces applications qui s’apparentent à de la magie…
De fait, la dame charmante et le jeune si aimable seront notés le soir sur la liste de ceux à qui on a parlé dans la journée.
Et si on faisait aussi une liste de ceux avec qui on a ri dans la journée ?
Commentaires
quelle belle histoire ( vraie ) ! du désappointement et de la tristesse du début suit une belle rencontre
j' aurais pu vivre ça...et je n' ai qu' un portable "de base", pas d'i-phone, donc pas d' application à installer. Pour le moment, je m' en trouve très bien...
bonne journée avec des rires, si possible
il y a neuf ans déjà à la naissance de Liséann, j'ai vécu cet expérience pareille à la vôtre, une personne complaisante a surgi de la masse pour m'aider elle aussi, que serions nous sans la solidarité ?
amitié .
Cette scène m’enchante, elle traduit si bien l’absurdité
que nous avons laissée envahir nos vies !
Dans les lieux de soins également, l’horrible « petit robot »
fait irruption pour nous accueillir dans le meilleur des mondes :
à nous de résister…par le rire évidemment !
Étonnamment, cette arme est sous-utilisée
et pourtant, elle est redoutable pour affronter
tous les ridicules qui se dressent sur notre chemin !
Quel plaisir, après « la bataille », de retrouver nos jardins
et nos rivages épargnés par ce que l’on nomme…
le progrès !
Fiorenza, amicalement et malicieusement
mais quelles magnifiques rencontres
merci d'avoir partagé avec nous
trop génial pas d'énervement et une sublimation de situation finalement résolue grâce aux échanges, aux partages et de belles rencontres !
de quoi rentrer chez soi et se coucher avec un coeur tout gonflé de réconfort le soir
bravo !
Ah, dans combien d'endroits avons-nous maintenant à jouer cette scène hélas ! Là ça c'est bien terminé et même chaleureusement, mais ce n'est pas toujours le cas. Un jour, ce sera tellement triste de ne rencontrer que des machines que nous reviendrons en arrière je crois ; mais pas tout de suite.
Oui, on vit maintenant dans la solitude. C'est une catastrophe toutes ces machines. Je me rappelle du Chaix (dans ma belle-famille, on travaillait à la société PLM puis SNCF). On pouvait chercher soi-même,en feuilletant, les trains et correspondances. Il y avait beaucoup plus de choix. A défaut de Chaix, on trouvait des aides dans les porte-revues et le prix du billet était à la distance et non pas à la tête du client. C'était tellement plus simple. Le guichetier (quand il était aimable) connaissait par cœur les horaires ou sinon, il ouvrait son Chaix. Je hais cette époque du "démerde-toi"
Ne pas rire, un de mes grands regrets. Mais dimanche on voit une ancienne copine avec qui on a beaucoup ri avant... alors j attends dimanche avec impatience...
Ne rirait on plus plus à cause d entendre qu il faut avoir peur de l autre ? De ces jeunes qui fuient leur pays, les leurs, une guerre une dictature ?
Menton a peur... Ai je entendu hier.
C'est amusant et j'aime beaucoup cette scène de la vie quotidienne mais surtout la solidarité qui s'est installée entre vous et avec ce jeune homme qui vous a sauvé en quelque sorte. Je n'ai pas pris le train depuis des années et bien que j'accompagne très souvent des personnes à la gare, je ne sais pas comment fonctionne cette machine ! Je trouve dommage que tout se passe désormais en dehors des relations humaines...que tout se passe par l'intermédiaire d'applications. Et si un jour internet nous lâchait...en voilà une arme redoutable qui anéantirait un pays en quelques jours à peine. Je n'ose pas y penser.
Un récit qui m'enchante, je me sens moins seule en te lisant, j'ai vécu une telle situation dans un aérodrome à l'étranger devant une machine à enregistrer mon billet, quand bonheur une jeune femme est venue à mon secours! Sans elle, serais je encore coincée devant cette absurde machine. C'est bon le rire, il faut se souvenir des bons moments.
Très belle journée
Merci Marie, vous m'avez donné le sourire !!!! Je pars sur les chemins de Compostelle, j'habite loin de tout, billets de train sur internet etc... nouveau portable que je n'arrive pas à programmer, SOS lancé à un petit jeune, ils sont débrouillards et serviables ces gamins .... bonne journée.
Finalement cela a 'fait votre journée', à vous, cette dame et ce jeune. J'aurais très bien pu vivre la même mésaventure (ou aventure). Pour ma part, je cherche horaires etc sur internet puis me présente à ma petite gare (quand c'est ouvert) explique ce que je désire et repars avec de vrais billets cartonnés. Jusques à quand? Dans cette petite ville, existe une association de défense de la gare...
ah, Marie, que de commentaires ce récit engendre ! quel plaisir de les lire, de savoir que cela est arrivé à beaucoup ( à moi-même, il y a quelques années, dans un aéroport ) et que nous sommes nombreux et nombreuses à regretter ce temps des contacts humains
Mais ce qu est formidable, avec toi, c' est que tu as su prolonger ces rencontres avec des échanges autour d' un café...et nous le raconter si bien. Merci
Trouver quelqu'un avec qui rire? C'est parfois difficile... mais avec qui prendre encore le temps de boire un café ? Encore plus dur... Souvent, je ris seule - tous les jours - et je bois un café, seule aussi! Mais même comme ça, ça m'apporte du bonheur! Bonne journée, pleine de jolies rencontres.
Je reconnais que je jongle assez bien avec ces applis qui nous rendent la vie facile, une fois domestiquées, et que le "c'était mieux" avant me laisse dubitative, ne gardant pas un souvenir impérissable des rapports que j'ai pu avoir jadis avec les guichetiers de la SNCF !
Quant au rire, celui de ma sœur pendant ces quelques jours passés auprès de notre mère a ensoleillé mon quotidien. Et j'en avais besoin.
Bonne journée !
Non, surtout ne pas dire que c'était mieux avant. Cela évolue.
Et on se doit d'évoluer avec. Sans évolution, le train n'existerait pas; on irait en diligence. Ou même encore à pied !
Belles rencontres et belle histoire ! Au moins cette société devenue hyper connectée aura servi à cela!
Bonne journée!
Oui, il est souvent triste, notre monde hypertechnologique! Mais avec vos rires, et ces liens humains que vous avez su nouer à cette occasion, vous avez fait entrer de l'humanité dans ce monde un peu barbare des machines et autres applications!! Nous pouvons ainsi être des gardiens de l'humain, et freiner ce mouvement vers une technicisation excessive de nos vies.
Eh bien moi, je te mettrais sur la liste car ton texte est génial. Merci pour ce bon moment !
En effet, c'est fort dommageable pour la vie en société que des machines prennent partout la place de l'humain, j'ai galéré un jour aussi à la gare de Nantes, mais.. hélas .pas jeune homme pour me dépanner, et donc pas de rires !
Belle journée
Pour le moment, ma liste est vide mais la journée. n'est pas terminée
Ce matin, j'ai rencontré F., J., et A., papotages et rigolades puis "mon italien" celui qui vend les meilleurs jambons du marché, j'ai même ri en italien !!! Bref, ce fut une belle matinée avec des rencontres qui font du bien ! Pourquoi pas les noter sur une liste !
Ma grand mère me disait déjà, "il faut vivre avec son temps" ! C'est ce que j'essaie de faire tous les jours !
Bonne soirée !
C’est vrai que le rire apaise beaucoup de choses mais en fin de journée compter les rires mais aussi les bons moments : un sourire, un mot, une image, une photo, un geste, un film..,
Oh Marie, malheureusement nous sommes nombreuses et nombreux à vivre ce décalage entre deux mondes. Même les gens dits compétents sont confrontés à des situations de blocages surréalistes ( mon époux vient de "se battre" pour payer les factures EDF/GDF - qui ne s'appellent plus comme cela d'ailleurs) et les impôts fonciers en ligne. C'est un peu terrible tout de même, mieux vaut tant que nous le pouvons encore, en rire effectivement, et puis ajoutons que sans ce problème, tes belles rencontres n'auraient pas eu lieu. Douce après midi et bonne pluie. brigitte
Avec les robots, c'est devenu compliqué. Rien que pour acheter des timbres... Heureusement que ce jeune homme vous a aidées. Bonne fin de journée.
Impossible trop souvent d'avoir des contacts humains dans les magasins, dans les gares... Je déteste les machines, elles se rebellent quand je m'en sers. Même mésaventure que vous à la gare mais je n'ai pas ri ! La réaction de ceux qui étaient derrière moi m'en a ôté l'envie !
Bonjour,
un commentaire tardif pour vous dire qu'on n'a pas besoin d'être une arrière grand-mère pour vivre ce genre de situation (le "négatif "comme le positif). Travaillant dans le domaine de l'informatique, je constate que les machines et surtout les logiciels associés sont souvent mal conçus...Je me souviens m'être énervée contre le fameux logiciel "Socrate'(pauvre de lui..) quand j’étais encore en école d'ingénieur. Ces machines devraient nous simplifier la vie (et elles le pourraient) mais visiblement cela n'est pas toujours le cas. Pourtant c'est possible avec une bonne conception et quelques explications claires. Dommage de ne plus avoir affaire à des êtres humains dans les gares et ailleurs, machines ou pas. Heureusement qu'on peut rire avec les usagers. Avec tous les problèmes de transports qu'on rencontre ici ça aide !
J’aime cet éclat de rire ! Sans être jeune ni avoir plus ni grand-mère et encore moins arrière… il m’arrive si souvent de prêter mon habitude de ces maudites machines à nombre de personnes décontenancées, à la Poste, dans le métro… et c’est toujours un plaisir de pouvoir dire « bonjour » en vrai mais ce n’est plus au guichetier !
Anne
Bonjour Marie. J'ai adoré ce récit... c'est tellement ça.! Dommage pour les emplois. Mais dans une très grande gare comme la gare du midi, à Bruxelles... on risquait parfois de rater son train... ça m'est arrivé. Pas souvent.
Lire plusieurs textes à la suite me fait plonger dans votre univers poétique... et automnal...