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les appuis - Page 2

  • Les appuis.


    Avoir le souci du vivant qui est là tout près ou un peu loin
    Les êtres vivants
    Leur téléphoner
    Leur écrire
    Passer dire bonjour
    Leur apporter de la soupe
    Ou des biscuits qu’on a fait le matin même
    Les couvrir d’une couverture au moment de leur sieste
    Les écouter parler
    Les chats
    Ils dorment
    On les laisse tranquille
    Le duo de tourterelles
    Elles roucoulent sur leur fil qui passe au-dessus de la cour
    Les saluer
    Remarquer quand elles sont là
    Remarquer quand elles sont absentes
    Les oiseaux qui chantent
    Les mouettes qui jacassent plus que les pies sur le toit voisin
    Les plantes et les fleurs et les nuages et le vent et le soleil et la nuit qui vient
    Et la lune pleine
    Souriante
    Rester tout à côté malgré tout de quelques-uns qui viennent de perdre quelqu’un
    Leur donner un mouchoir pour qu’ils essuient leurs larmes
    Leur dire qu’on est là
    Qu’on sera toujours là
    Et que si on n’est pas là qu’ils ne soient pas inquiets
    Ceux-là qui pleurent
    Et les oiseaux et les plantes et le vent et le soleil et la nuit et la lune
    Et les mouettes et les pies et les tourterelles
    Et les oiseaux
    Et les chats
    Et tous les vivants
    Quelqu’un d’autre sera là c’est sûr :
    c'est la vie.

  • Les appuis.


    A l’arrêt de bus,
    En sortant de la salle d’attente où la machine a finalement donné son verdict
    Bien envie de s’asseoir
    Sur cette banquette étroite et dure
    Une jeune fille y est assise déjà
    Les regards se croisent
    Les yeux se sourient
    Elle se pousse jusqu’à l’extrémité extrême
    Et même se tourne
    En montrant de la main la place libre
    On s’assied en faisant de même
    Bien sur le bord
    Le dos tourné
    Mais les têtes n’en font qu’à leurs têtes et se penchent l’une vers l’autre
    Comme les corolles des tulipes dans un vase
    On se fait des signes
    Avec les mains
    avec la tête
    Quel monde !
    Ah oui ! quel est ce monde dans lequel on vit !
    Puis
    Un monsieur arrive avec ses tuyaux et sa machine à lui
    Son pas est chancelant
    D’un bond on se lève pour qu’il s’assied
    Et on le lui dit :
    Mais asseyez-vous !
    Et il répond :
    Mais non ! Vous, restez assises !
    On répond que non quand même
    On se lève
    On se rapproche
    Il s’assied
    Merci ! Parce que ça tourne un peu…
    Et on lui dit que, oui, il faut que le monde tourne un peu mieux
    Ça pourrait être un début à l'arrêt de bus
    Le bus qui arrive
    On monte ensemble
    On l’aide à valider
    On reste pas loin les uns des autres
    Comme ça on se parle
    C’est mieux depuis qu’ils ont mis un grand bus
    Il y en a souvent des bus sur cette ligne
    Elle est pratique cette ligne qui mène à l’embarcadère pile poil
    Et quand on descend
    On lance un grand au-revoir bien sonore
    Accompagné d’un signe de la main
    Et du sourire qui va bien avec.