Avoir le souci du vivant qui est là tout près ou un peu loin
Les êtres vivants
Leur téléphoner
Leur écrire
Passer dire bonjour
Leur apporter de la soupe
Ou des biscuits qu’on a fait le matin même
Les couvrir d’une couverture au moment de leur sieste
Les écouter parler
Les chats
Ils dorment
On les laisse tranquille
Le duo de tourterelles
Elles roucoulent sur leur fil qui passe au-dessus de la cour
Les saluer
Remarquer quand elles sont là
Remarquer quand elles sont absentes
Les oiseaux qui chantent
Les mouettes qui jacassent plus que les pies sur le toit voisin
Les plantes et les fleurs et les nuages et le vent et le soleil et la nuit qui vient
Et la lune pleine
Souriante
Rester tout à côté malgré tout de quelques-uns qui viennent de perdre quelqu’un
Leur donner un mouchoir pour qu’ils essuient leurs larmes
Leur dire qu’on est là
Qu’on sera toujours là
Et que si on n’est pas là qu’ils ne soient pas inquiets
Ceux-là qui pleurent
Et les oiseaux et les plantes et le vent et le soleil et la nuit et la lune
Et les mouettes et les pies et les tourterelles
Et les oiseaux
Et les chats
Et tous les vivants
Quelqu’un d’autre sera là c’est sûr :
c'est la vie.
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Les appuis.
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Les appuis.
A l’arrêt de bus,
En sortant de la salle d’attente où la machine a finalement donné son verdict
Bien envie de s’asseoir
Sur cette banquette étroite et dure
Une jeune fille y est assise déjà
Les regards se croisent
Les yeux se sourient
Elle se pousse jusqu’à l’extrémité extrême
Et même se tourne
En montrant de la main la place libre
On s’assied en faisant de même
Bien sur le bord
Le dos tourné
Mais les têtes n’en font qu’à leurs têtes et se penchent l’une vers l’autre
Comme les corolles des tulipes dans un vase
On se fait des signes
Avec les mains
avec la tête
Quel monde !
Ah oui ! quel est ce monde dans lequel on vit !
Puis
Un monsieur arrive avec ses tuyaux et sa machine à lui
Son pas est chancelant
D’un bond on se lève pour qu’il s’assied
Et on le lui dit :
Mais asseyez-vous !
Et il répond :
Mais non ! Vous, restez assises !
On répond que non quand même
On se lève
On se rapproche
Il s’assied
Merci ! Parce que ça tourne un peu…
Et on lui dit que, oui, il faut que le monde tourne un peu mieux
Ça pourrait être un début à l'arrêt de bus
Le bus qui arrive
On monte ensemble
On l’aide à valider
On reste pas loin les uns des autres
Comme ça on se parle
C’est mieux depuis qu’ils ont mis un grand bus
Il y en a souvent des bus sur cette ligne
Elle est pratique cette ligne qui mène à l’embarcadère pile poil
Et quand on descend
On lance un grand au-revoir bien sonore
Accompagné d’un signe de la main
Et du sourire qui va bien avec.