Sentir un bras passer sous son bras et une main s’accrocher fermement. Aller ainsi à petits pas, tous petits pas, de la voiture à la porte puis jusqu’à la salle d’attente puis jusqu’à la salle d’examen. Et retour. A la maison, fermer les volets, s’assurer que tout va bien, et dire à demain. Joie de pouvoir faire cela, de sentir en soi la capacité de faire cela.
Partager un repas. Féliciter la cuisinière et lui demander la recette qu’elle donne avec moult précisions. Aller de l’un à l’autre pour servir, dire un petit mot, sourire. Ecouter des histoires de vies, regarder des mains usées aux doigts tordus qu’on prend dans ses propres mains pour les réchauffer car leur peau épaisse garde désormais toujours le froid de l’oubli. Joie de pouvoir faire cela, de se sentir à sa place.
De derrière la fenêtre, regarder les oiseaux venir picorer dans la mini-mangeoire qu’on leur a installée là où les chats ne pourront pas aller. Ils vont et viennent, battent des ailes, piaillent. Joie de pouvoir faire cela, de sentir que ce spectacle-là est immensément merveilleux.
Bon lundi à chacun, dans la parcelle de joie que nous pouvons tous avoir en nous.
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Joie.
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Midi.
Mettre la table sur la terrasse où l’air est doux du soleil d’octobre.
Quatre assiettes. Déposer les plats au milieu pour que chacun se serve comme il l’entend, mange à son rythme.
Quelqu’un arrive. Rajouter une assiette.
Quelqu’un a terminé et doit repartir.
Poursuivre la conversation ou ne pas parler ; ce silence, sous le soleil doux, il est confortable et tranquille.
Quelqu’un arrive. Rajouter une assiette.
Puis c’est le café. On écoute les oiseaux. On cherche leurs noms. On rit.
On débarrasse. On range. On nettoie. On secoue la nappe et comme tout à l’heure on a renversé un verre et qu’elle est mouillée, on l’étend sur l’étendoir lui aussi ensoleillé.
On repart ou on reste.
Après, c’est l’après-midi. Les oiseaux chantent toujours.