A chaque fois qu’on passe devant l’Abbaye de Montrieux pour aller dans la forêt, on se dit qu’on aimerait bien habiter là, tout contre les arbres et tout contre la rivière qui coule en contrebas. On sait qu’on entendra parfois, en fonction du chemin, les cloches sonner. Combien sont-ils encore de frères trappistes au cœur de cette maison qui ne laisse apercevoir au passant que la petite chapelle toujours ouverte ? C’est un rite aussi de s’y arrêter à l’aller.
Après, dans la forêt elle-même, c’est un festival d’arbres et de chemins qui vont et viennent. En ce début d’automne, les houx sont admirables. Les petites boules foisonnent, parfois encore jaune vif, parfois déjà d’un bel orange brillant. Dans les tapis de feuilles, des colchiques mauves, des fleurs blanches et mauves aussi, aux longues tiges qui doivent être de la famille des scabieuses, des pâquerettes aux pétales aussi fins que des cils.
On s’assoit au milieu du thym et on regarde alors ces hautes pierres qui sont là depuis toujours. C’est auprès d’elles aussi qu’on est venu chercher quelque chose, on ne sait pas trop ; de la beauté, oui, de l’inébranlable aussi peut-être.
La brise, en se levant, légère, fait alors sourire ce paysage, voleter les papillons et chanter les oiseaux.
C’est bien de se sentir loin du monde.
abbaye de montrieux
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Dans la forêt.