C’est dimanche après-midi et tout est calme. La café est servi et on le sirote lentement en bavardant ou en lisant, qui le dernier Donna Leon, l’autre Le Monde. De temps en temps, une voiture passe sur la route. Dans un jardin voisin, des enfants jouent. On est dans un espace à part de ce monde difficile qu’il faudra affronter dès le lundi matin. On prévoit de faire des scones pour le thé et de les déguster tièdes avec de la marmelade d’orange. On commente de temps en temps les lectures. Qui prononce à voix haute quelques mots d’italien, histoire de maintenir le petit niveau acquis lors de précédents voyages. L’autre, la tête toujours sur l’oreiller, cite les gros titres jusqu’à celui-ci : « Lire cette phrase nuit gravement à votre concentration ».
Il s’agit d’un long article sur la dépense d’attention désormais constante que subissent ceux et celles qui sont connectés en permanence. On y apprend que la capacité de concentration a diminué de 4 secondes en quinze ans : « nous avons désormais un score de 8 secondes. Soit, sans rire, un taux en dessous de celui du poisson rouge qui lui est capable de se concentrer 9 secondes d’affilée ». De même : « A chaque invasion de SMS dans mon espace mental, je mets 23 mn à me reconcentrer pleinement sur mon travail. » Et ce n’est pas tout : cette dépense d’attention, elle est non seulement prévue par certaines entreprises, mais entretenue afin que nous consommions de plus en plus de connections diverses et variées, au point qu’on puisse parler de piratage de l’attention.
On évoquera prochainement les conseils donnés par l’auteur de l’article pour lutter contre ce phénomène. Mais aujourd’hui lundi, on pose la question : pensez-vous que votre attention est piratée ? luttez-vous contre cela, et comment ?
le monde
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La question du lundi : la dépense d’attention.
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La question du lundi : la possibilité d’une seconde vie.
On a lu dans Le Monde un article paru mi-août du philosophe François Jullien, dont le titre est : « Nous pouvons tous vivre une seconde vie ». Il y explique que celle-ci, la seconde vie, s’installe progressivement : « Il n’y a pas de nouvelle vie, seulement une possibilité qui se promeut à notre insu, très discrètement et qui permet l’apparition d’initiatives. Ce n’est pas de l’ordre de la rupture mais de la transition. »
Quand l’auteur évoque cette seconde vie, il ne s’agit pas de celles qui surgissent d’un drame soudain et imposent une nouvelle forme de vie, non choisie. Il évoque, d’après ce qu’on a compris, les prises de conscience qui, progressivement, font mesurer ces tensions empêchant d’être en harmonie avec soi-même ; prises de consciences qui mènent à la suite d'un chemin dont on ignorait l'existence à un choix clair, net, précis, pas toujours confortable tout d'abord mais qui permet de se déployer comme une fleur à l'aurore.
On est assez d’accord avec sa vision des choses.
Et vous, qu’en pensez-vous ?