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  • Première maraude de seringat.


    En bas de la petite traverse, le seringat est en fleurs.
    Couper plusieurs branchettes.
    Remonter le chemin en tenant le bouquet près des narines pour s’imprégner de son parfum.
    C’est la première maraude de seringat de l’année.


  • Le cadeau.


    Tout à coup, quelqu’un avec qui on a parlé si souvent de peinture et feuilleté tant de livres d’art, avec qui on a transporté tant de caisses de livres pour en faire des malles aux trésors, avec qui on a partagé si souvent un regard bienveillant sur le monde, avec qui on n’a jamais hésité à parler de la mort tout autant que de la vie, tout à coup, ce quelqu’un offre un cadeau.
    Se retrouver avec un joli paquet dans les mains, lourd, dense.
    Soudainement.
    Comme ça.
    Voilà.
    Cadeau.
    On sait immédiatement qu’il s’agit d’un livre.
    Un livre.
    Quelqu’un qui vit au milieu des livres, qui parle des livres, qui fait lire des livres, qui classe des livres, qui range des livres, qui prête des livres, et qui les aime tant parce qu’ils sont chacun des espoirs, offre un livre.
    C’est un livre, oui.
    On en a déjà plein. Là-bas, à la maison. On comprend que celui-là, on ne l’a pas. On aurait déjà pu l’avoir. Mais on sait que les livres vont et viennent à leur convenance, et s’installent là où on en a besoin quand on en a besoin. C’est eux qui viennent à la rencontre de leurs lecteurs. Ils ont du temps. Leur temps de livre.
    Ouvrir alors le paquet, délicatement, sans oser même déchirer le papier brillant qui l’emballe.
    Découvrir qu’il s’agit du fabuleux livre de Paul Veyne : Mon musée imaginaire.
    Bafouiller un merci… Bafouiller…
    Rougir.
    Rester bouche-bée.
    Un livre. Paul Veyne. Les chefs d’œuvre de la peinture italienne.
    Emporter le livre.
    Une fois seule, l’ouvrir au hasard (mais le hasard existe-t-il vraiment) sur un détail de la Pietà de Giovanni Bellini : des mains délicates et fines qui soutiennent une autre main sur laquelle le peintre a posé une douce lumière dorée.