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  • Un poème pour la journée. Apparition.


    Pourquoi Apparition, de Mallarmé ? Parce que ce poème fut un éblouissement, un jour, en cours de Français et qu’il fit naître cette envie irrépressible d’atteindre cela qui se nomme la poésie. C’est pour toujours, ces « blancs bouquets d’étoiles parfumées » qui neigent… Avoir imaginé cela, des bouquets qui neigent… Et les « blancs sanglots » … Avoir imaginé cela aussi, que les sanglots puissent avoir des couleurs ! Alors cela veut dire que si on peut donner des couleurs aux sanglots, on peut en donner à …. tout. Les répétitions de sons (assonances ou allitérations) qui font ce rythme, non, plutôt la respiration, le souffle de la vie : « la cueillaison d’un rêve au cœur qui l’a cueilli. » Et pour toujours aussi, cette « fée au chapeau de clarté » à laquelle on a souvent songé, enfant, au moment de s’endormir et à laquelle on pense encore. Cette fée existe puisque le poète lui-même la connait. Un jour, demain, après-demain, dans un an, dans dix ans, ou même encore dans l’au-delà de l’Eternité, elle fera neiger à travers ses mains mal fermées de blancs bouquets d’étoiles parfumées. On le sait bien que toutes les fées font cela.

    Apparition

    La lune s’attristait. Des séraphins en pleurs
    Rêvant, l’archet aux doigts, dans le calme des fleurs
    Vaporeuses, tiraient de mourantes violes
    De blancs sanglots glissant sur l’azur des corolles.
    C’était le jour béni de ton premier baiser.
    Ma songerie aimant à me martyriser
    S’enivrait savamment du parfum de tristesse
    Que même sans regret et sans déboire laisse
    La cueillaison d’un rêve au cœur qui l’a cueilli.
    J’errais donc, l’œil rivé sur le pavé vieilli
    Quand avec du soleil aux cheveux, dans la rue
    Et dans le soir, tu m’es en riant apparue
    Et j’ai cru voir la fée au chapeau de clarté
    Qui jadis sur mes beaux sommeils d’enfant gâté
    Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées
    Neiger de blancs bouquets d’étoiles parfumées.


    Stéphane Mallarmé, Vers et prose, 1893.


  • La question du lundi. Les questions.

    En lisant cette interview de Magda Hollander Lafon, il était évident qu’une des questions posées ainsi qu’une partie de sa réponse seraient le sujet de la question du lundi.
    Magda Hollander Lafon a aujourd'hui 93 ans. Rescapée d'Auschwitz, elle a publié en 2013 : Quatre petits bouts de pain, des ténèbres à la joie. Son nouveau livre, Demain au creux de nos mains vient de paraître.

    Question : « La semaine dernière au téléphone, vous m’avez dit : « J’adore les questions. » Qu’aimez-vous dans les questions ? »
    Réponse : « Quand vous posez une question à quelqu’un, vous le faites exister. Vous ne le considérez pas comme un objet. ».

    D’où la question du lundi : Aimez-vous les questions ?




    Extrait de l'interview de Magda Hollander Lafon dans L'Hebdo-La Croix, Samedi 24/Dimanche 25 avril 2021, pp. 12 et suiv.