Tout autour, machine bruyante qui donne chaud.
Ne pas bouger.
C’est comme ça.
Arriver à rester calme,
à se dire que c’est comme ça,
qu’on a de la chance,
et se rappeler de tout ce qu’on va retrouver après
La maison
Les livres
Les plantes
Les chats
Ceux qu’on aime et qui nous aiment
Les sonates de Haydn
Les poèmes de Salinas
Le linge à repasser
La grosse machine ronronne fort
On peut
lui parler
et lui dire merci de son aide
et ne pas même en avoir peur
même si on en est impressionné
Car ce qui ferait peur
Ce serait de ne rien ressentir
Alors on repense
A
La maison
Les livres
Les plantes
Les chats
Ceux qu’on aime et qui nous aiment
Les sonates de Haydn
Les poèmes de Salinas
Le linge à repasser
Ah oui, et on fera du pain aussi.
MOISSONNER / Bonheur du jour quotidien - Page 73
-
Les appuis.
-
Humanités.
Ce poème d’Aragon, Un jour, un jour, déjà publié ici par deux fois. Jean Ferrat l’a merveilleusement chanté.
Tout ce que l'homme fut de grand et de sublime
Sa protestation ses chants et ses héros
Au-dessus de ce corps et contre ses bourreaux
A Grenade aujourd'hui surgit devant le crime
Et cette bouche absente et Lorca qui s'est tu
Emplissant tout à coup l'univers de silence
Contre les violents tourne la violence
Dieu le fracas que fait un poète qu'on tue
Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
Ah je désespérais de mes frères sauvages
Je voyais je voyais l'avenir à genoux
La Bête triomphante et la pierre sur nous
Et le feu des soldats porté sur nos rivages
Quoi toujours ce serait par atroce marché
Un partage incessant que se font de la terre
Entre eux ces assassins que craignent les panthères
Et dont tremble un poignard quand leur main l'a touché
Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
Quoi toujours ce serait la guerre la querelle
Des manières de rois et des fronts prosternés
Et l'enfant de la femme inutilement né
Les blés déchiquetés toujours des sauterelles
Quoi les bagnes toujours et la chair sous la roue
Le massacre toujours justifié d'idoles
Aux cadavres jeté ce manteau de paroles
Le bâillon pour la bouche et pour la main le clou
Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche