Le matin de bonne heure, les étoiles brillent vivement dans le ciel.
Mais il fait froid.
L’automne s’affirme vraiment.
D’ailleurs quand, plus tard, on va chercher les légumes à la ferme, les patates douces s’amoncellent sur les étals.
Certaines sont énormes et leur peau est rouge. D’autres plus petites et leur peau couleur de terre.
Elles ont des formes originales, que nul n'a pu prévoir.
On en prend suffisamment pour, le midi, faire une purée.
Quand on mettra la purée dans l’assiette, on formera un petit puits pour la sauce et avec la fourchette on tracera une route.
La route vers l’hiver.
MOISSONNER / Bonheur du jour quotidien - Page 75
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La route vers l’hiver.
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Giono pour toujours.
Alors qu’on marche dans la forêt, un nuage passe devant le soleil. Cette ombre rend plus dense le vert des feuillages et le fait devenir d’un bronze presque gris et les jaunes et rouges des feuillus sont alors comme cette majestueuse teinte qu’est la Terre de Sienne. On s’arrête alors car on ne peut pas passer comme ça, en ignorant ce mouvement de la lumière, cette beauté qui se propose là. Puis le nuage poursuit son chemin. Alors, le soleil revient. Tout est à la fois plus clair et plus précis. C’était beau. On fait comme le nuage : on repart car il y a toujours une route à poursuivre.
En rentrant à la maison, on écoute une belle émission sur France Musiques consacrée à Giono et la musique. Puis on regarde une belle émission de télévision sur cet écrivain sublime, Giono une âme forte. On note quelques-uns des mots de cet homme libre : « Le bonheur s’atteint et se procure par des choses gratuites. (…) Goûter le plaisir de voir passer une averse, un vent, une fleur qu’on aurait respirée, tout ça fait partie du bonheur… »
Giono, c’est pour toujours.