Lecture : "La maison", de Julien Gracq. Un inédit trouvé dans les papiers de cet immense écrivain. Une trentaine de pages au style éblouissant ; un rêve, une parabole ? Là encore, les manuscrits sont présentés en fac-similés : écrits à la main, bien sûr. Deux versions ont suffi. La première, très corrigée, presque jusqu’au moindre mot ; la seconde, quasiment sans ratures.
Lire Julien Gracq, c’est suspendre le temps et entrer de plain-pied dans ce que c’est que la littérature. Je renvoie à l’article publié sur le beau blog Textes et Prétextes.
Ligne droite, détours et raccourcis : Le chemin du cœur est comme tous les chemins. Il va et vient et si jamais il prend une ligne droite, c’est bien souvent qu’on la délaisse pour une route plus sinueuse afin de faire le plus de détours possibles pour rallonger le temps du voyage comme si on avait peur d’arriver à bon port ou pour ce qu’on croit être un raccourci à première vue rassurant mais qui s’avère amener à l’opposé du point d’origine, voire au point d’origine lui-même, et voilà qu’on a fait du sur-place. Mais il faut toujours être en mouvement, avancer, faire confiance au cœur qui, s’il parfois s’affole, prend ses désirs pour des réalités et peut garder trop longtemps l’habitude des caprices de l’enfance, sait ce qu’il en est du cœur, – justement - de la vie, à savoir que c’est l’amour le meilleur des guides.
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Julien Gracq, La Maison, le chemin du cœur
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Ecrire à la main et au crayon, au fur et à mesure du printemps.
Ecrire à la main et au crayon : Dans « Les lettres d’A l’est d’Eden », Steinbeck écrit le journal de son roman. Il parle aussi de sa façon d’écrire : il ne peut écrire qu’à la main et au crayon. Ce ne sera qu’une fois le livre achevé qu’il s’occupera du « tapuscrit ». Il achetait les crayons par quatre douzaines. Voici un petit extrait qui fait réfléchir sur tous ces romans, ces grands romans, qui ont été écrits à la main : « Le taille-crayon électrique peut sembler une dépense inutile mais je n’ai jamais rien utilisé qui m’ait été d’une aide aussi précieuse. Pour tailler le nombre de crayons que j’utilise chaque jour, je ne sais pas combien, mais au moins soixante, les tailler à la main serait non seulement trop long, mais me fatiguerait. J’aime les tailler tous à la fois et je n’ai plus à le refaire de la journée. » (1) Dans la très belle édition de ce livre aux éditions Seghers, on peut voir un fac-similé d’une page manuscrite. C’est émouvant.
Au fur et à mesure du printemps : Les belles-de-nuit surgissent de terre. Les lauriers-roses fleurissent. Les dahlias sont tout épanouis. Les bougainvillées se déploient. Les plumbagos se font repérer. Les acanthes sont prêtes. Les agapanthes se préparent.
(1) John Steinbeck, Les lettres d’A l’est d’Eden, traduit de l’anglais par Pierre Guglielmina, Ed. Seghers, Paris, 2023, p. 68