Des mots qui aident à vivre, c’est le titre d’un livre du si regretté Charles Juliet qui aimait, lui aussi, recopier des phrases qui devenaient ainsi des citations.
Lire dans le journal ces mots d’un poème de Guillaume Apollinaire,
« Jamais les crépuscules ne vaincront les aurores »
fait du bien, tout comme le souvenir qui se ravive de connaître ces mots-là, tout comme la possibilité d’aller chercher dans le rayon poésie « Le Guetteur mélancolique », livre lu, relu, jauni par le temps, annoté, tout comme de l’ouvrir presque tout de suite à la bonne page.
Oui, la poésie aide à vivre. Les mots aident à vivre. Ils sont de toute éternité.
Voici tout le poème (1) :
Jamais les crépuscules ne vaincront les aurores
Etonnons-nous des soirs mais vivons les matins
Méprisons l’immuable comme la pierre ou l’or
Sources qui tariront Que je trempe mes mains
En l’onde heureuse
(1) Apollinaire, Le Guetteur mélancolique, NRF Poésie/Gallimard, 1970, p. 33
charles juliet
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Des mots qui aident à vivre.
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Hommage au si grand Charles Juliet.
Charles Juliet nous a quittés le 26 juillet. L’annonce de sa disparition m’a bouleversée : cet écrivain majeur faisait partie de ma vie depuis plusieurs décennies et il m’avait accompagnée sur mon long chemin. Il me l’avait fait comprendre : écrire sauve la vie.
Ses livres, je le sais, seront toujours là pour moi : les livres sauvent la vie.
Pour lui rendre hommage, voici quelques anciens Bonheurs du Jour :
mardi 26 octobre 2010. Sainte-Victoire.
Passer devant la Ste Victoire au moment du lever du soleil, et penser, comme à chaque fois, à Charles Juliet.
mercredi 27 octobre 2010. Sainte-Victoire. Bis.
Au retour, revoir la Ste Victoire que la brume du crépuscule colore d’un violet angora. Repenser à Charles Juliet.
samedi 06 août 2011. St Augustin et Charles Juliet.
Alors que les cigales cessent de chanter pour se reposer jusqu’au matin, continuer la lecture d’un joli livre de Charles Juliet : Ces mots qui nourrissent et apaisent.
Lire cette phrase de St Augustin : Aime et dis-le par ta vie.
dimanche 24 novembre 2013. Charles Juliet.
Charles Juliet à la Grande Librairie.
Rester sans voix, comme à chaque fois qu’on le voit, qu’on l’écoute… Une sorte de sidération.
mercredi 26 février 2014. Passer la soirée avec Charles Juliet.
Passer la soirée avec le dernier volume du journal de Charles Juliet.
Lire lentement. Déguster. Marquer quelques passages avec des petits post-it jaunes.
« Ecrire, c’est lutter contre le temps et la mort. Dans la mesure où elle est le lieu de ce combat, l’œuvre doit tendre à l’intemporel ».
« Désormais, la vie, je sais qu’elle a sa source en moi. Je ne suis plus tenté de la chercher au-dehors. »
Il a l’air heureux, maintenant.
Samedi 12 décembre 2020. Une phrase à méditer. Charles Juliet.
Il y a quelques jours, on a parlé longuement avec une jeune femme qui commence à comprendre qu’elle a le droit de ne pas être parfaite et de ce fait elle s’autorise de temps en temps quelques non libérateurs.
Justement hier soir, en lisant Le jour baisse, Journal X, 2009-2012 de cet immense écrivain et homme exceptionnel qu’est Charles Juliet, on a lu cette phrase :
« Quand nous ne sommes plus en guerre contre nous-même, le gain d’énergie qui en résulte provoque un radical changement. » (1)
C’est tout à fait vrai. Tout à fait juste.
(1) Charles Juliet, Le jour baisse, Journal X, 2009-2012, P.O.L., p. 175