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Bonheur du jour - Page 173

  • Durant l’été, relire d’anciens Bonheurs du Jour : Le monde vain.

    Jeudi 22 juin 2018. Le monde vain.

    Pouvoir parler à une amie écoutée longuement en puisant dans sa propre expérience personnelle ce qui est peut-être un conseil : parfois, c’est mieux de laisser tomber. Quand elle part, on ne sait pas ce qu’elle en fera, mais peu importe.
    Bien trop souvent dans la vie, on se sent obligé d’être parfait ou parfaite, c’est selon. Chaque matin, on a tout à prouver. Mais c’est ce qu’on croit. En fait, on est dans une logique du faire et de l’avoir – ne rien lâcher – et surtout, accumuler des compliments, des promotions, des charges, et renforcer un statut social.
    Parfois, quelque chose arrive, ce qu’on peut appeler un grain de sable. On ne doit pas s’en réjouir, non, pas du tout, mais on doit arriver à se poser un instant pour y réfléchir : ce qui se passe, là, c’est le signe de quoi ? est-ce que cela ne m’aide pas à mettre les choses en perspectives, à remettre de l’ordre dans les obligations de ma vie ? C’est loin d’être facile d’accepter alors de changer de logique. Après la logique de l’accumulation, on entre dans celle de la perte : « je ne suis plus », « je n’ai plus », « je ne peux plus », « ce n’est plus moi qui… », « plus personne ne m’appelle », « je ne fais plus ceci ou cela ». Mais si on est patient, on vivra le moment où on pourra dire : « je suis » et on regardera enfin tout sereinement ceux et celles qui s’agitent et frétillent de se croire indispensables dans un monde vain.



  • Aussitôt que la vie, marcher, haricots verts.

    Aussitôt que la vie, mon dernier livre : un extrait choisi avec soin et traduit en espagnol sur le beau blog Espaces Instants. Merci !

    Marcher, justement : Vraiment très tôt, marcher le long de la mer que nulle clarté n’a encore réveillée. Pas après pas, contemplation de l’aube qui point et tire vers le haut puis vers ailleurs tout ce qui était de la nuit. C’est le signal pour les cigales, les mouettes et les oiseaux.

    Haricots verts : Le « clac » du haricot vert qu’on équeute et qu’on coupe avant de le mettre dans la passoire. Cela a toujours fait le même son, le haricot vert qu’on équeute et qu’on coupe, autour des tables recouvertes d’une toile cirée parfois, avec celles et ceux dont on se souvient encore, il y avait aussi peut-être une feuille de journal bien étalée qu’on avait ainsi l’occasion de lire, du moins les gros titres, et c’est arrivé qu’un enfant soit là et demande c’est quoi ce mot et on le lui a dit et il a répété puis s’en est allé courir dehors. Au moment du repas, la salade d’haricots verts, pommes de terres, oignons rouges et œufs a un parfum qu’il semble que nul mot ne puisse présenter.