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Bonheur du jour - Page 57

  • Epluche-légumes et chaussettes orphelines : ce qui ne fiche pas le camp.

    Autour d’un thé et d’un crumble aux pommes, aborder des thèmes éternels de conversation. Le principal est le temps, bien sûr, qui n’est plus du tout ce qu’il était, mais alors plus du tout, les plus anciens se souvenant qu’il a commencé à se dégrader nettement quand « ils » ont marché sur la lune ; les sujets adjoints, mais tout aussi crispants, sont l’administration ou les opérateurs téléphoniques qu’on appelle sans jamais joindre personne car, après avoir tapé 1 puis 2 puis 5, on s’entend dire que tout le monde est occupé et qu’il faut renouveler son appel ; un nouveau venu depuis quelques temps, le tri des poubelles auquel on ne comprend rien et chacun y va de son explication pour savoir ce qui doit aller dans la poubelle jaune, la verte, la grise, quoiqu’en fait les couleurs ne sont pas toutes les mêmes suivants les villes…
    On finit par se rassurer en évoquant d’autres sujets certes contrariants mais qui, eux, semblent se maintenir en l’état : la perte des épluche-légumes alors qu’on s’était promis de faire très attention au nième qu’on venait d’acheter, ou encore les chaussettes qui deviennent orphelines après que leur com-paire ait disparu corps et biens, dans la machine à laver peut-être ou dans un sursaut d’autonomie dont on se demande bien depuis toujours dans quelle mesure il a été possible, bien qu’il soit certain. Et chacun y va de son conseil pour éviter ce phénomène bien qu’on ait envie, sans le dire, qu’il perdure, puisqu’il rassure sur le fait que certaines choses ne fichent pas le camp. Même si...

  • Petites choses, petits riens d’un dimanche.


    Faire une tarte aux pommes sans sucre mais avec beaucoup de vanille
    Préparer une jolie table en sortant les porte-couteaux et les petites cuillères en argent
    Partager le repas, partager la conversation, écouter les uns et les autres
    Penser à ceux qui ne sont pas là ; penser à ceux qui n’ont pas de chez eux
    Admirer les tulipes, les anémones, les narcisses et puis maintenant les jonquilles
    Parler bulbes de tulipes et de muscaris
    Evoquer les crocus et les violettes dans les bois
    Marcher bras dessus bras dessous le long de la mer en s’émerveillant du ciel
    S’asseoir dans la salle de concert
    Attendre patiemment en parlant encore parfois mais déjà à voix basse
    Ecouter du Chopin, du Debussy, du Rachmaninov
    Regarder les mains du pianiste
    Applaudir de joie
    Au retour, bras dessus bras dessous, rester en silence
    En rentrant dans la maison, percevoir ce doux parfum de la vanille resté en suspens
    Rendre grâce