Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

éditions corti

  • Julien Gracq, La Maison, le chemin du cœur


    Lecture : "La maison", de Julien Gracq. Un inédit trouvé dans les papiers de cet immense écrivain. Une trentaine de pages au style éblouissant ; un rêve, une parabole ? Là encore, les manuscrits sont présentés en fac-similés : écrits à la main, bien sûr. Deux versions ont suffi. La première, très corrigée, presque jusqu’au moindre mot ; la seconde, quasiment sans ratures.
    Lire Julien Gracq, c’est suspendre le temps et entrer de plain-pied dans ce que c’est que la littérature. Je renvoie à l’article publié sur le beau blog Textes et Prétextes.

    Ligne droite, détours et raccourcis : Le chemin du cœur est comme tous les chemins. Il va et vient et si jamais il prend une ligne droite, c’est bien souvent qu’on la délaisse pour une route plus sinueuse afin de faire le plus de détours possibles pour rallonger le temps du voyage comme si on avait peur d’arriver à bon port ou pour ce qu’on croit être un raccourci à première vue rassurant mais qui s’avère amener à l’opposé du point d’origine, voire au point d’origine lui-même, et voilà qu’on a fait du sur-place. Mais il faut toujours être en mouvement, avancer, faire confiance au cœur qui, s’il parfois s’affole, prend ses désirs pour des réalités et peut garder trop longtemps l’habitude des caprices de l’enfance, sait ce qu’il en est du cœur, – justement - de la vie, à savoir que c’est l’amour le meilleur des guides.


  • Brins de vie.


    C’est un livre magnifique que "Le sens de la merveille", de Rachel Carson. Il rassemble un certain nombre de textes dans lesquels Rachel Carson évoque son amour de la nature et en particulier de l’océan, et raconte comment l’être humain s’applique à détruire cette Terre qui lui avait pourtant donné un environnement de vie quasi parfait et quasi éternel s’il avait accepté « cette vérité fondatrice : personne ne vit pour soi-même. » (1)
    Bien qu’elle soit une scientifique de grande envergure, elle ne cesse d’apprendre et de se questionner, replaçant chaque élément de la faune et de la flore dans ce grand tout qu’est la vie. Je recommande tout particulièrement le texte sur les anguilles.
    Le dernier texte est une lettre à son amie proche, Dorothy Freeman, avec laquelle elle venait de passer une journée en plein air à admirer des papillons aller et venir, superbes insectes dont on sait que la vie est si courte. Il y a là une fulgurante réflexion et sur la vie, et sur la mort, et sur le fait que la vie est belle et qu’elle est un don pour lequel il faut rendre grâce :

    « Pour les Monarques, ce cycle (de vie) se mesure à l’aune de mois. Pour nous-même, le métré est d’une autre nature, et nous n’en connaissons pas la durée. Mais l’idée est la même : lorsque ce cycle intangible a suivi son cours, il est naturel, et ce n’est pas une chose triste, qu’une vie arrive à sa fin.
    C’est ce que m’ont appris ce matin ces brins de vie flottant avec éclat. J’en ai ressenti un bonheur profond – de même, j’espère, que toi. Merci pour cette matinée. » (2)




    (1) Rachel Carson, Le Sens de la merveille, Traduit de l’anglais par Bertrand Fillaudeau, Biophilia, Ed. Corti, 2021, Lettre à Dorothy Freeman, 10 septembre 1963, p. 97,
    (2) Id, p. 151