Alors qu’on est sur la plage du Pont du Sel, on regarde l’horizon au-delà de la mer qui clapote dans le doux vent de cette belle journée, au-delà aussi des îles dont les lignes bleues se profilent discrètement et encore au-delà, au-delà du ciel, très loin devant.
On se sent petit, comme souvent face à un paysage, tout comme on se sent vivant. Mais, on le sait maintenant, se sentir vivant c’est aussi savoir qu’on va mourir un jour comme tout à chacun, comme beaucoup de ceux qu’on aimait sont morts désormais. Comme celui auquel on pense à cet instant, qui aimait tant ce bout de plage.
La veille, on avait prévu d’écouter un peu de musique en arrivant ici et on avait choisi d’amener Jessye Norman chantant l’Ave Maria. Le matin même, on avait appris qu’elle avait rejoint le grand chœur des anges. On l’écoute avec émotion. Ce n’est pas seulement sa voix qui reste vivante dans les écouteurs, c’est le don qu’elle savait faire de ce don qu’elle avait reçu et qu’elle laisse en offrande pour l’éternité. Au fur et à mesure du chant, c’est comme si tout se déployait pour prendre une belle ampleur, lumineuse et, oui, éternelle.
jessye norman
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Sentiment d’éternité.