Je le vois quasiment chaque jour quand je passe pour cette promenade là qui me mène à Pin Rolland et au-delà vers la plage de la Coudoulière. Je ralentis d’abord mon pas puis je m’arrête pour contempler ce paysage qu’il est lui-même peignant un paysage.
Il est debout devant son chevalet, pinceaux en attente et palette dans une main, un pinceau peignant dans l’autre main, chapeau sur la tête. Il est de biais par rapport à l’amandier qui est au centre de sa toile. Il n’y a aucun doute sur le fait que ce soit l’amandier lui-même qui l’ait regardé en premier quand les fleurs ont apparu comme un sourire sur les lèvres d’un tout nouveau-né dont on dit qu’il sourit aux anges, l’appelant ainsi pour qu’il vienne et qu’il revienne autant que nécessaire. D’ailleurs, en retrait du chevalet, un pliant est posé face à l’amandier désormais fleuri d’innombrables feuilles en forme d’amandes effilées, signe que de temps en temps, le peintre dans le pré s’assied et regarde, non, contemple, subjugué peut-être, méditant sûrement.
Et puis il y a le ciel. Le peintre du pré a d’abord peint le ciel d’un bel azur, ce qu’il n’était pas au tout début de son travail. Mais comment ne pas avoir confiance dans le ciel du Midi dont on sait qu’un jour ou l’autre il sera de cet azur-là ? Comme hier.
Je me suis appuyée sur le muret. J’ai contemplé ce paysage du peintre dans son pré peignant un paysage. Tout était calme et paisible. Alors, de loin, en ôtant mon chapeau pour le saluer, je lui ai dit d’une voix un peu forte pour qu’il puisse m’entendre de là où il était : merci.
le peintre dans le pré
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Des nouvelles du peintre dans son pré.