Une journée de libre, ensoleillée et silencieuse.
Parfum de la confiture de melon et de pastèque qu’on vient de mettre en pots.
Parfum de la cardamone dans la compote de pommes.
Dans le jardin, les chats dorment, abandonnés à leurs rêves.
Le téléphone retentit et perce à cœur ce moment tranquille.
Le professeur de broderie ne brodera plus. Ne verra plus d’écureuil dans les arbres du parc.
Le silence revient au fur et à mesure que cessent les battements assourdissants du cœur cassé.
C’est l’heure du repas.
Mettre la table sur la terrasse. Sortir de la jolie vaisselle. Ecouter Mozart. Déjeuner au son de la musique. Se souvenir que c’est un vrai bonheur de vivre ça.
Offrir ce bonheur du jour au professeur de broderie.

Bonheur rare. Arriver pour l’après-midi de couture et recevoir comme présent un marquoir de broderie. Les premiers points à apprendre sont commencés : point de chausson, point de fougère, point de gribiche par trois points, point d’épi, point de bouclette en zig zag. Ils sont marqués au feutre noir et brodés en rose, en violet, en rouge, en orange. Un ou deux traits sont marqués au crayon gris. Il faut apprendre sagement et faire un point régulier.
Quelqu’un a préparé cela … A pensé à ce marquoir… A consacré du temps à sa préparation….
C’est comprendre qu’on n’est pas anonyme.
Alors, on tient le tissu blanc avec respect et on suit les lignes avec dignité.
Puis, recevoir d’une autre personne des boutons bleus – car vous avez besoin de boutons bleus pour un travail – c’est savoir qu’on a été attendue.