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Un poème pour la journée. L’Albatros de Charles Baudelaire.


Voilà aussi un poème qui compte. C’est à l’école qu’on l’a lu pour la première fois, à une époque chagrine qui a fait résonner ces vers de Baudelaire. Il évoque le poète à travers cet albatros mais quiconque se sent incompris et mal à l’aise dans son monde peut s’identifier à l’oiseau. Grâce à ce poème, si on savait déjà que le monde pouvait être cruel, on a appris que la poésie permet de le dire et de ne pas garder en soi ses douleurs.
Et aussi, mais ça c’est bien longtemps après qu’on l’a compris, que là où on est, quand on est empêtré par « des avirons » à traîner, qu’il suffit d’arriver à les prendre pour se relever, marcher pour certains, voler pour d’autres, laissant derrière soi ces « hommes d’équipage ».
Qui n’en a pas connu, de ces « hommes d’équipage », ces groupes de gens qui font bloc, qui prennent tant de plaisir à ricaner et à se moquer de la faiblesse d’autrui… Ils sont si violents, si méchants, ils semblent si forts et si certains de nous couper les ailes ! Mais n’est-ce pas qu’ils sont envieux de cette belle proie à laquelle, en fait, ils aimeraient tant ressembler ? N’est-ce pas eux, en fait, qui ont peur de se mettre à marcher ou à voler ou à être libre ?
Ah ! Baudelaire ! Comme on ne cessera jamais de te remercier pour cet Albatros sauveur découvert, un après-midi morne, dans un livre qui tout à coup s’ouvrit sur un ciel infini !

L’Albatros.

Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !
L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.

Charles Baudelaire.



Commentaires

  • Je trouve ce poème; connu bien sûr mais que je redécouvre, terrible de tristesse. Il me mettrait presque mal à l'aise.

  • merveilleux poème ! L'albatros incarne bien la figure du poète , ce "roi de l'azur" , ce "prince des nuées" qui traverse souvent une vie de misère .
    bonne semaine Marie

  • c'est effectivement un superbe choix, ce poème empreint de tristesse à l'égard de cet oiseau.

  • Je le redécouvre après de nombreuses années, et je le trouve d'une profonde tristesse !
    Douce journée Marie, bisous ensoleillés

  • En effet, c'est avec grand plaisir que j'avais appris à l'école cet albatros qui me plaît toujours et que je relis encore.
    Et je pense que vous avez raison, ces hommes d'équipage qui agace ce bel oiseau avec leur brûle gueule sont vraiment de petite gens.
    Bonne journée

  • Un poème appris en classe que j'aime beaucoup même si je le trouve très triste...Belle journée

  • Trés beau poème, trés triste aussi, et qui me renvoie à bien des faits de maltraitance animale.
    Belle journée!

  • Encore un beau souvenir du lycée , "ces ailes de géant " qui dans l'espace lui permettent de survoler la bêtise , l'ignorance ... Prendre son envol et passer à autre chose .

  • C'est un poème que j'aime beaucoup, et que j'avais appris également.
    Merci de me le remettre en mémoire.
    Passe une douce journée.

  • Dieu sait que Baudelaire n'a jamais été un gentil !! mais ce poème là a du lui ouvrir les portes du paradis

  • Oui, avec deux ailes !

  • Il reste pour moi lié au 33 tours de léo Ferré. Il ne m'attirait pas particulièrement, léo Ferré, jusqu'à ce que qqun me prête le double 33 tours Verlaine et Rimbaud... sa version se trouve sûrement sur youtube...

  • j'ai toujours trouvé ce poème éclairant sur la nature humaine ...
    quand vole l'oiseau on l'adule et dès qu'il se pose montrant ses faiblesses on le lapide ...
    la vie nous révèle malheureusement tant d'albatros ... tant de lynchages ...
    inutile de te dire combien j'aime ce poème !
    amitié .

  • C'est presque dommage de le lire à l'école, on est trop jeune pour comprendre la cruauté des autres si magnifiquement exprimée dans ce poème.

  • C'est un des poèmes merveilleusement interprétés par Léo Ferré dans sa meilleure période, On ne l'oublie donc pas... Je crois bien d'ailleurs que c'est sur lui que j'ai été interrogée au bac de Français.
    Moi qui rejetais Baudelaire dans ma jeunesse, le trouvant trop lugubre, aujourd'hui je reconnais dans ce poème comme dans beaucoup d'autres (Recueillement, la Beauté, La Vie antérieure, La musique...) une puissance visionnaire égale à Hugo ou à Rimbaud. L'image est superbe, la scène poignante.

  • Merci, chère Marie, pour ce poème terriblement triste, mais ô combien réaliste...
    Je t'embrasse et te souhaite une paisible soirée.

  • Ce poème avait été lu à l'enterrement d'un jeune garçon fils d'amis. Il s'était donné la mort et la voix de sa sœur lisant ces vers résonne encore lorsque je le lis....
    Je pense que je plombe un peu tes commentaires, mille excuses Marie....

  • Superbe poème ! Merveilleusement composé, rythmé. Terriblement beau.
    Il dit la bassesse et la grandeur, la cruauté et le pouvoir de créer.
    (Appris à seize ans, à un âge où l'on est capable de discernement - qui n'a vu de petits enfants faire souffrir un animal sans états d'âme ?)
    Merci, Marie.

  • Beau choix et belle évocation. ....

  • Tes mots me parlent quand tu écris " ces groupes de gens qui font bloc ", moi qui ai vécu le harcèlement scolaire, toutes mes "copines" s'étaient liguées contre moi, c'est dur à vivre ... Le poème est superbe.
    Belle soirée
    Cathy

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