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l'antan

  • La préparation de la fête, c’est déjà la fête.


    Ce jour est avant tout un jour ordinaire. Pour certains, ce sera un jour de fête, pour d’autres non. Mais pour nous toutes et tous, il sera à vivre, et c’est cela qui compte pour moi. Je n’ai plus de Maman à fêter. C’est ainsi. C’est ma vie. Je me souviens toutefois que j’ai eu une Maman à fêter alors que d’autres n’ont même jamais pu le faire. Bien sûr, son absence se ressent mais il s’agit de ne plus jamais vivre dans le ressassement de ce qui fut ou de ce qui aurait pu être, pas plus que dans l’idée que c’est mieux chez les autres qui ont forcément plus de chance, et encore moins que tout peut être parfait, soi-même ou ce qu’on vit.

    Bachelard disait : La préparation de la fête, c’est déjà la fête.

    Combien de fêtes ai-je eu ! Car j’ai tellement envie d’aimer et j’aime ! Fêtes des Mères, fêtes des fleurs, fêtes des livres, fêtes des amis, fêtes de famille, fêtes de la pluie, fêtes des bains de mer, fêtes des gâteaux au chocolat, fêtes du pain, et, tout dernièrement, fête de la première courgette du potager.

    Voici un souvenir de fête des Mères alors que j’avais un douzaine d’années. J’avais pu acheter à Maman une jolie paire de boucles d’oreilles ; minuscules. Elle aimait les boucles d’oreilles mais j’étais soumise aux diktats du monde et, mon achat en main, j’en ai eu honte car je ne l’ai pas trouvé assez voyant. Alors, j’ai eu l’idée de l’emballer. Une fois, deux fois, trois fois... J’ai fait le tour des commerçants et des voisins, expliquant que je voulais faire une surprise à ma mère, demandant si on pouvait emballer mon cadeau.

    Peu à peu, j’ai oublié mon premier sentiment et j’ai vécu une immense joie à chaque nouvelle belle feuille ou pas puisqu’à un moment j’ai mis une feuille de papier journal. Je n’ai reçu aucun refus de ceux à qui j’ai demandé. Ils étaient heureux, eux aussi, de préparer cette fête et de participer à cette surprise. Ainsi, de papier d’emballage en papier d’emballage, le paquet cadeau est devenu bien gros. Cette préparation de la fête était une fête comme le fut l’ouverture du paquet lui-même, joyeuse et ponctuée de cris d’étonnement et de rires. Encore ! Il y en a encore !

    Je vous souhaite de vivre cette journée comme la préparation d’une fête. Comment sera-t-elle ? On ne sait pas. Sera-t-elle ? On ne sait pas. Peut-être que oui, peut-être que non. Quand ? On ne sait pas. Quoiqu’il en soit, pour bien la préparer puisqu’elle est déjà dans notre cœur si nous acceptons de vivre sans rien de factice, regardons autour de nous le bon, le beau, le bien. Le reste attendra.

  • L’antan. Souffle autour des pissenlits.


    Sur la pelouse qui longe le chemin vers l’embarcadère, d’innombrables pâquerettes conversent avec tout autant de pissenlits. Certains de ces derniers ont déjà fané et la fleur s’est transformée en une aigrette dont le nom même, aigrette, est léger comme le souffle. Je ne peux pas résister et j’en cueille un puis je souffle sur les akènes qui s’envolent.
    Enfant, j’allais me promener dans un parc aux arbres centenaires dont les vertes pelouses descendaient en pente douce vers un lac dans lequel des truites étaient laissées tranquilles. On avait le droit, à l’époque, d’aller leur donner du pain, ainsi qu’aux deux ou trois cygnes qui occupaient les lieux.
    Sur ces vertes pelouses, donc, il y avait aussi des pâquerettes et tout autant de pissenlits. Et cette même brise légère quand on était en mai. Parfois, on arrêtait notre course pour cueillir des pâquerettes et on en détachait les pétales : je t’aime, un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout… Ou un bouton d’or, il y en avait aussi, et on le mettait sous le menton d’une compagne de jeu pour lui dire si elle aimait le beurre et après, on riait.
    Quant aux pissenlits, comme je l’ai fait hier sur le chemin, on prenait ceux qui étaient fanés, on les approchait des lèvres, on soufflait pour faire s’envoler cette si fine aigrette composée de tant d’akènes. Je me souviens que je les regardais s’élever vers le ciel et il me semblait qu’aucun d’entre eux ne tombait jamais, comme si mon souffle qui avait précédé de peu celui du vent, leur avait permis de prendre cet envol et de réaliser ainsi leur rêve d’aller au-delà d’eux-mêmes.