Après un dimanche quasiment passé à prendre tout son temps, on est alerté sur une émission de télévision qui devrait nous intéresser car on y parlera de personnes qui ont aussi appris à prendre leur temps. Tout en tricotant, on regarde et on entend qu’il est bon de marcher, de méditer, de faire la cuisine, et même de tricoter. On voit également un monsieur fort sympathique qui parle comme un exploit d'avoir remplacé dans sa chambre son téléphone par un réveil, ce qui lui a permis de laisser le dit téléphone en dehors de la pièce…. On entend aussi que la grande majorité des utilisateurs de smartphones (ou téléphones…) les consulte au moins toutes les cinq minutes…. Soit douze fois dans l’heure….
Et vous aujourd’hui lundi, allez-vous consulter votre téléphone aussi souvent, ou allez-vous vous donner du temps pour autre chose ?

Un soir où le temps s’allonge et se remplit d’ombres, on se dirige vers le rayon poésie pour reprendre un volume de Constantin Cavafis, poète grec que Laurent Gaudé cite dans son dernier livre, Ecoutez nos défaites.

On ouvre ce volume.

On retrouve, justement, ce poème fulgurant :

« Voix sublimes et bien-aimées
de ceux qui sont morts, ou de ceux
qui sont perdus pour nous comme s’ils étaient morts.

Parfois, elles nous parlent en rêve ;
parfois, dans la pensée, le cerveau les entend.

Et avec elles résonnent, pour un instant,
les accents de la première poésie de notre vie –
comme une musique qui s’éteint, au loin, dans la nuit. »