Mercredi 24 juillet 2019. Avec la vieille dame.
Dans le parc de la grande maison où on est venu se reposer quelques jours, s’installer sous les tilleuls pour écrire quelques cartes postales.
On les étale sur la table en pierre et on se met à écrire tranquillement, s’arrêtant quelques fois pour écouter le chant des oiseaux.
Une vieille dame, pensionnaire de cette grande maison – on l’a vue à plusieurs reprises déjà – s’avance de son pas hésitant et lent. On la regarde et on lui fait un petit signe de la main. Elle répond avec un large sourire et marche un peu plus vaillamment.
Elle s’approche de la table et du banc et dit bonjour dans sa langue chantante. On lui répond et on lui sourit. Alors, elle continue à parler et demande qui on est, d’où on vient, pour combien de temps on est là, et pourquoi. A chaque question, on répond. On lui fait une place sur le banc et elle s’assied. Elle touche les cartes postales et elle dit qu’elle aimait tant en écrire, aussi, mais elle ne peut plus – elle montre sa main déformée par l’âge – et puis il n’y a plus personne à qui elle pourrait en envoyer. On lui demande qui elle est, d’où elle vient, pour combien de temps elle est là, et pourquoi. A chaque question, elle répond. Au fur et à mesure, elle s’anime. On finit par rire ensemble et quand arrive le moment de rentrer, on marche d’amble dans la grande allée, comme deux amies. On écrira les cartes postales une autre fois.
Avec la vieille dame est aussi le titre du premier ouvrage que j'ai publié aux éditions L'Harmattan, en 2020.
Bonheur du jour - Page 23
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Durant l’été, relire d’anciens Bonheurs du Jour.
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Ranger les aiguilles à tricoter.
L’été, sans aucun doute, est aussi une période propice aux rangements, comme elle l’est pour les salades composées, les confitures et les promenades vespérales. Hier, ce fut le tour des aiguilles à tricoter.
Il a fallu descendre tout d’abord sur la grande table, le gros range-aiguilles, cousu il y a des années dans un tissu multicolore, la boîte carrée dédiée aux aiguilles circulaires, le long plumier détourné de son but premier pour y mettre les aiguilles à double-pointe et enfin la toute petite boîte à chapeau des aiguilles à chaussettes, circulaires ou pas. Et divers sacs contenant des aiguilles récupérées çà et là, bien souvent reçues en cadeau après le départ de leurs propriétaires.
Les aiguilles à chaussettes à double-pointe en carbone sont dans un premier temps bien remises dans leurs sachets individuels après qu’elles aient été bien comptées : il en faut cinq pour chaque numéro. Hélas, il n’y a plus que quatre n°2 et il n’y a plus les n°3. Les circulaires, de 25 cm de long, des Addi, sont en place.
Les grandes circulaires, en bambou, en carbone, en plastique, forment un nid dans la boîte carrée : on les laisse tranquilles, de la n°3 à la n°7.
Toute comme les longues doubles pointes, peu utilisées.
Mais dans le range-aiguilles, il y a du travail. D’abord, sortir toutes les aiguilles et les étaler pour refaire les paires et les ranger du n°2, pour la layette souvent, au n°15, qui a dû servir une fois pour un snood... En refaisant les paires, je me souviens d’un ou de plusieurs ouvrages mais aussi du lieu où je les ai achetées, tout comme je me souviens de celle qui me les a données parce qu’elle ne s’en servait plus si elle ne tricotait plus, ou si elle ne tricoterait plus, ou si quelqu’un rangeant ses affaires après son départ a pensé que cela pourrait me servir à moi ou bien encore que je pourrais connaître quelqu’un à qui cela pourrait servir : une tricoteuse connait toujours une autre tricoteuse.
Une fois les paires reconstituées, les plus nombreuses sont les 3,5, les 4,5, et, d’une façon surprenante, les 5,5. Lentement, j’ai gardé pour chaque numéro trois paires seulement en essayant d’avoir une très longue, bien souvent en bambou, une plus courte, en métal, et une de M, de H, de F ou d’E, ces dernières plus souvent en plastique et parfois légèrement incurvées. Après les avoir longuement regardées, j’ai rangé dans le range-aiguilles ou dans la petite boîte ronde, quelques aiguilles mises par paire ou par cinq à l’aide d’un lien en laine. Il y avait là des moments de vie : celle qui avait noué les aiguilles entre elles pour bien les ranger, utilisant un brin de la laine dont elle se servait alors pour tricoter un pull ou un gilet ou une écharpe, voire une brassière jaune pour ces aiguilles double-pointe n°2,5.
Les autres dont je ne me servirai pas, je les ai mises dans un sac en toile et je les amènerai à l’Entraide, la ressourcerie de Saint Cyr, à la rentrée. Parce qu’est bien souvent à la rentrée qu’on se met ou se remet au tricot. Et parce que des aiguilles à tricoter, cela ne se jette pas. Cela se donne.