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ansel grün

  • Les livres-chevaliers

    Dans L’art du silence, Anselm Grün nous invite à réfléchir au silence, bien sûr, et tout autant à la parole. C’est un très beau livre car c’est ce qu’on appelle ici un livre-chevalier, en référence aux chevaliers qui, au Moyen-Age, venaient au secours des plus faibles. Ainsi, quand quelque chose a été difficile, on peut aller y puiser quelques mots qui permettent de se recentrer ; on peut retrouver les repères sur lesquels on a réussi à se construire ; on peut se reprendre si les aléas de la vie ramènent vers des périodes difficiles et venimeuses – on sait que ce temps-là est révolu, mais il a fallu s’y confronter à nouveau, et c’était douloureux.
    Voici un extrait de ce livre-chevalier, à méditer : « La question est de savoir si nos paroles éveillent à la vie. Il y a des mots qui figent, des mots qui sont eux-mêmes sans vie et qui étouffent la vie. Quand on dit à quelqu’un : « Tu es un fardeau, une nullité. Je ne veux pas avoir affaire à toi », ce genre de parole fait mourir quelque chose en l’autre, à savoir l’espoir d’une vie qui ait du sens, l’espoir d’être vu et accepté. Il y aussi des mots qui nous ouvrent les yeux et nous font comprendre des choses. Lorsqu’on nous décrit la beauté d’une montagne, on a le cœur qui se dilate. On devine quelque chose de la vérité de la montagne. Et alors la vie afflue en nous, alors nous passons de la mort à la vie. (1) »

    (1) Ansel Grün, L'art du silence, Albin Michel 2014, pp. 46/47.