« Tu me demandes souvent si j’écris toujours. »
Ce sont les premiers mots de Christian Bobin que j’ai lus au tout début des années 80, dans Lettre pourpre, un mince livre de quelques pages, publié en 1977 aux éditions Brandes, illustré par Laurent Debut, exemplaire n°31.
J’ai poursuivi par Le feu des chambres, aux mêmes éditions, en 1978, exemplaire 149. En voici la dernière phrase, à propos des femmes : « Pour qu’il leur survienne un arbre dont chaque fleur sera un sourire, une mousse de sourires, un banc de mots et de lèvres charitables. »
Vendredi, au mitan du jour, après avoir appris la nouvelle de son décès, je suis allée dans la bibliothèque chercher ses livres, rangés entre Karen Blixen et José Luis Borges. Je les ai pris, il y en a pas mal, et je les ai posés sur la table. Je les ai regardés. La pièce était silencieuse. J’ai sorti Mozart et la pluie de la pile, bien qu’il ne pleuve pas, mais Mozart… et Mozart et Bobin... « Les heures silencieuses sont celles qui chantent le plus clair. » (1)
Alors je suis restée silencieuse près de ses livres.
(1) Christian Bobin : Mozart et la pluie, suivi par Un désordre de pétales rouges, Ed. Lettres vives, 1997, p. 41.
le feu des chambres
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Christian Bobin.