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silence plein

  • Il n’y a jamais de petit partage.


    Dans ce lieu que j’ai déjà évoqué, là où les couloirs sont si longs, avoir la chance d'y avoir une amie dont l’amitié enrichit ma vie depuis plusieurs années. Quand elle demande : « Comment ça va ? », elle demande vraiment comment ça va. On ne peut pas lui répondre « ça va », d’une façon désinvolte, voire systématique. Non. Il faut répondre vraiment, même si on utilise la même expression, « ça va ». Tout est dans le ton. Et si elle sent qu’on a répondu « ça va » par réflexe, elle ne peut pas s’en contenter. Elle demande alors : « Mais encore ? », et elle pose son regard dans le regard de celui ou celle qui lui fait face. Elle-même, si je lui demande « comment ça va ? », me répond toujours non seulement en vérité mais en allant à l’essentiel. Elle n’est jamais lassée du moindre échange car, d’après elle, il n’y a jamais de petit partage. Et c’est pour cela qu’on peut rester ensemble dans le silence après avoir échangé quelques phrases.

  • Silence plein.


    Ici, il y a des couloirs partout.
    De longs couloirs sans une seule fenêtre pour accéder aux chambres dans lesquelles on entre aussi par un couloir,
    de quelques pas seulement mais couloir quand même,
    ce qui oblige,
    si on veut juste en passant faire un petit coucou,
    à frapper fort à la porte,
    entrer dans la chambre,
    avancer d’au moins quatre pas pour dépasser le mur
    derrière lequel il y a la salle de bains
    avant de voir enfin
    le lit,
    la table roulante,
    le Fauteuil et,
    en fonction de l’heure de la journée,
    celui ou celle qu’on veut saluer
    soit dans le Fauteuil
    soit déjà dans le lit car il est 17H passées.
    C’est pourquoi c’est la joie quand
    après un transfert du lit au fauteuil roulant
    ou du Fauteuil au fauteuil roulant,
    après avoir suivi un long couloir ou deux et emprunté l’ascenseur,
    on peut aller au dernier étage
    au bout duquel se trouve la grande pièce claire qui n’a presque pas de murs
    et qu’il est même possible,
    oui, certains jours c’est possible,
    d’ouvrir ces baies pour s’installer dehors,
    sur la terrasse qui permet de voir jusqu’à l’horizon la mer qui danse.
    Alors, on reste
    dans le silence plein
    d’un moment ensemble.
    Ce silence bien au-delà des mots.