Partir de bon matin.
Il fait si calme dehors et la lumière est si rose que tout semble pur, comme si la nuit avait lavé le monde pour que l’aube étende au fil du jour un paysage parfait comme au premier matin du monde.
Tout à coup, un oiseau chante et interrompt les préparatifs du départ.
On le cherche dans les branches des arbres et on le trouve au sommet tout là-haut du chêne.
Il faut partir cependant et on met de la musique pour accompagner la route.
C’est Mozart. La sonate n°17. Maria Joao Pires.
L’oiseau se tait un instant. Puis reprend son chant et suit les notes de la sonate. Il n’y a pas de doute : il est heureux de ne plus être seul à exprimer sa joie du matin au printemps.
Alors, on attend pour partir et on laisse à l’oiseau le chant de Mozart jusqu’au bout.
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Mozart et l’oiseau.
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Relire d’anciens Bonheurs du Jour : Savoir où est le Bonheur du Jour.
Une première personne rappelle ce Bonheur du Jour du 9 avril 2014 et remercie pour cette lecture.
Au même moment, une deuxième personne qu’on croise par hasard dit se souvenir de ce Bonheur du Jour d'il y a juste un an.
Et une troisième personne dit, tristement, ne pas savoir où est le bonheur.
Alors, on propose à tous les lecteurs de ce blog la relecture de la note du 9 avril 2014 :
Savoir où est le bonheur du jour.
Même au Printemps, le ciel peut se couvrir et recouvrir comme une chape grise et lourde la vie de chaque jour, rappelant la toute proximité du deuil et de la maladie, de la violence et de la jalousie, de la trahison et de l’abandon ; rendant si proches, trop proches, de petits Edmond Dantès qui voudraient bien tout détruire parce qu’ils ne savent rien créer, et entraîner avec eux dans un chaos terrible l’ensemble des vivants pour ne laisser là que la mort.
Le temps est lourd. Moite.
Sentir sa respiration heurtée, violentée, limitée.
Voir son corps prostré, affaissé comme une poupée de chiffon oubliée dans un coin poussiéreux de souvenirs faux.
Ne plus maîtriser son cerveau, avide de tours en rond, d’envahissantes ruminations stériles.
Et cela pourrait durer.
Cela dure depuis hier, avant-hier, encore avant.
Cela durerait encore aujourd’hui, encore demain, encore après.
Mais non, car on se souvient où est le bonheur du jour.
Il permettra de vaincre.
Faire appel à toutes les fleurs du monde.
Faire appel à tous les poètes du monde.
Faire appel à tous les écrivains du monde.
Faire appel à tous les peintres du monde.
Faire appel à tous les chats du monde.
Faire appel à toutes les recettes de gâteaux du monde.
Faire appel à tous les amis du monde.
Et faire appel à Mozart.
Ecouter le quintette pour clarinette K 622.
Déposer là la tristesse.
Simplement la poser.
Elle est un fardeau si lourd et tellement inutile.
Poser sa tristesse pour que le regard se relève.
Pour que l’instant soit présent, l’instant du jour qu’on est en train de vivre, celui où on respire.
Inspirer, expirer, inspirer, expirer.
Inspirer.
Aimer alors Mozart plus que tout, comprendre encore plus aujourd’hui qu’hier combien il a dû souffrir. Combien de fois a-t-il été si triste qu’il a dû avoir envie de s’arrêter là, de jeter autour de lui des mots de haine ou des chaises ou je ne sais quoi.
Mais non.
Il a offert sa tristesse à 7 notes de musique.
Et il a créé un monde infini et fort, plus fort que tout, tellement vivant, tellement fécond.
Se relever alors.
Sortir le petit carnet et écrire.