Faire écouter à quelques jeunes gens, ces vers de Louis Aragon chantés par Jean Ferrat après leur avoir donné le texte sur une feuille blanche. Leur expliquer pourquoi on aime ce poème, pourquoi il nous parle, pourquoi on voudrait qu’il leur parle, pourquoi on est ému et touché en plein cœur de sa triste actualité, et pourquoi, à jamais, la poésie est une nécessité vitale.
Tout ce que l'homme fut de grand et de sublime
Sa protestation ses chants et ses héros
Au-dessus de ce corps et contre ses bourreaux
A Grenade aujourd'hui surgit devant le crime
Et cette bouche absente et Lorca qui s'est tu
Emplissant tout à coup l'univers de silence
Contre les violents tourne la violence
Dieu le fracas que fait un poète qu'on tue
Un jour pourtant, un jour viendra couleur d'orange
Un jour de palme, un jour de feuillages au front
Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
Ah je désespérais de mes frères sauvages
Je voyais, je voyais l'avenir à genoux
La Bête triomphante et la pierre sur nous
Et le feu des soldats porte sur nos rivages
Quoi toujours ce serait par atroce marché
Un partage incessant que se font de la terre
Entre eux ces assassins que craignent les panthères
Et dont tremble un poignard quand leur main l'a touché
Un jour pourtant, un jour viendra couleur d'orange
Un jour de palme, un jour de feuillages au front
Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
Quoi toujours ce serait la guerre, la querelle
Des manières de rois et des fronts prosternés
Et l'enfant de la femme inutilement né
Les blés déchiquetés toujours des sauterelles
Quoi les bagnes toujours et la chair sous la roue
Le massacre toujours justifié d'idoles
Aux cadavres jetés ce manteau de paroles
Le bâillon pour la bouche et pour la main le clou
Un jour pourtant, un jour viendra couleur d'orange
Un jour de palme, un jour de feuillages au front
Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
poésie - Page 6
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Transmettre.
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Retrouver un bout de papier
En rangeant la bibliothèque, retrouver, glissé entre deux livres, un bout de papier sur lequel on avait recopié (mais quand ?) ces quelques lignes de Philippe Jaccottet, extraites de Pensées sous les nuages :
Rappelle toi au moment de perdre pied
.
Puise dans cette brume avec tes mains affaiblies
Recueille ce peu de paille pour litière à ta souffrance,
Là, au creux de ta main tâchée :
Cela pourrait briller dans la main
Comme l'eau du temps