Au moment du coucher, prendre comme chaque soir un temps de lecture pour lisser les aspérités de la journée. Le livre qu’on est en train de lire, le dernier journal d’Henry Bauchau s’ouvre à cette page :
Malgré tout
le mal qu’on nous fait
malgré
celui que nous faisons
subir aux autres
Malgré
la guerre
les enfants mutilés
martyrisés
l’enfer
que tant de gens s’infligent
et qu’ils infligent aux autres
Malgré
malgré tout
ne dressons pas le mal
et le bien face à face
ils sont en nous
et dans le cours
aventureux des siècles
En face du mal
en face du bien
il n’y a rien
rien que la vie
ensemble
poésie - Page 5
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La vie ensemble.
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La poésie, toujours.
Alors qu’on est bien loin d’être au mieux de sa forme, se souvenir de quelques mots de Nelly Sachs pour qualifier ce qu’on ressent :
"les constellations de l’inquiétude".
Dans la chambre, sur l’étagère, aller chercher ses poèmes qui n’ont jamais été rangés, mais qui restent juste posés à la verticale.
Attraper les Lettres en provenance de la nuit. Le livre s’ouvre page 11 :« Et pourtant, effleurée par la grâce, je sais comment le sourire naîtra ».
Sourire.
Le jour où on a choisi de ne pas être la proie de désespoir, on a su que la poésie, toujours, permettrait de rester debout.