Contempler :
le ciel, un matin.
Plein de nuages roses tout près les uns des autres
On dirait qu’ils sont un sol de sable à l’aube
On dirait que la mer est le ciel
On aurait la tête à l’envers, alors ?
Puis, peu à peu, les nuages empressés les uns contre les autres
Comme s’ils s’aimaient très fort ?
Comme s’ils ne pouvaient être nuages qu’ainsi, si près de l’un, si près de l’autre ?
Lancent leurs proues effilées vers l’horizon
Ainsi, ils rompent en douceur un amour qui n’est plus
On dirait qu’ils désaiment ce ciel-là
Qu’ils vont voir ailleurs, tout là-bas derrière, où le monde, s’il n’est guère différent est dans un premier temps nouveau
Tout nouveau tout beau
Mais on dirait qu’ils reviendront demain ?
Le rose a laissé la place à l’orange
Puis c’est le bleu qui se met à pousser lui aussi d’autres nuages
Que de nuages, alors !
On dirait qu’ils défilent !
Les gris foncé qui ont franchi la barrière du Coudon pour survoler la belle Rade
On dirait qu’ils poursuivent les autres !
Le ciel est maintenant de ce bleu neuf du premier matin du monde
Il a fait fi des nuages
Il est alors le ciel d’été
Bleu azur.
poésie
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Le ciel fait fi des nuages.
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Quelques vers pour la journée.
En marchant le long de la mer, quelques vers de Pedro Salinas sont revenus. Les voici :
Avec joie
Combien, combien en a la mer,
combien de joies !
Etres de lumières, sur l’eau,
dansant sur la pointe des pieds.
Comme les flots finissent bien :
ils meurent en ballerines !
Dans les machines bleues
des fêtes se profilent.
Ni vagues, ni reflets ne sont
tout ce qui brille.
Ni écume celles qui jouent,
déjà évanouies.
C’est la comédie que la jouissance
monte chaque jour.
La constance dans le bonheur.
Oui, celles qui s’obstinent
Comme bonheurs, à être.
Ténacité, dans la félicité.
Les joies, la mer
elle ne les perd jamais.
Alors pourquoi ai-je
la main sur ma joue ?
Tiennes, ou miennes, peu importe,
puisqu’on les voit,
Dans l’air, dans le soleil, laissant resplendir
leur corps d’ondines ?
Si toutes les jubilations sont siennes,
elle me les offre toutes,
Comme la vie, chaque jour,
elle m’offre ma vie,
En acceptant la lumière
qu’une autre aurore m’envoie ?
Les joies qui me manquent,
elle me les fabrique.
Depuis ses lointaines profondeurs
elles cheminent vers moi.
Et là dans les yeux, les siennes
se font miennes.
Pedro Salinas, Avec joie, in La mer lumière, Presses Universitaires Blaise Pascal, 2011, p. 41,