Hier, j’ai vu ce poème de Desnos écrit de sa main, dans un cahier d’écolier.
Cette image m’a émue, tout autant que ce poème : un si grand poète, un poème si éblouissant, et un simple cahier d’écolier…
Je le partage ici avec vous tous, avec bonheur.
Si vous souhaitez voir le poème écrit de la main de Desnos, vous pouvez suivre ce lien :
Je me lèverai demain matin
Plus tôt qu’aujourd’hui
Le soleil demain matin
Sera plus chaud qu’aujourd’hui
Je serai plus fort demain matin
Plus fort qu’aujourd’hui
Je serai gai demain matin
Plus gai qu’aujourd’hui
J’aurai demain matin
Plus d’amis qu’aujourd’hui
Et bien que demain matin
La mort soit plus proche qu’aujourd’hui
Je serai demain matin
Plus vivant plus vivant qu’aujourd’hui
Robert Desnos, Poèmes de Minuit, Ed. Seghers, 2023.
poésie
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Desnos / Je me lèverai
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Le ciel fait fi des nuages.
Contempler :
le ciel, un matin.
Plein de nuages roses tout près les uns des autres
On dirait qu’ils sont un sol de sable à l’aube
On dirait que la mer est le ciel
On aurait la tête à l’envers, alors ?
Puis, peu à peu, les nuages empressés les uns contre les autres
Comme s’ils s’aimaient très fort ?
Comme s’ils ne pouvaient être nuages qu’ainsi, si près de l’un, si près de l’autre ?
Lancent leurs proues effilées vers l’horizon
Ainsi, ils rompent en douceur un amour qui n’est plus
On dirait qu’ils désaiment ce ciel-là
Qu’ils vont voir ailleurs, tout là-bas derrière, où le monde, s’il n’est guère différent est dans un premier temps nouveau
Tout nouveau tout beau
Mais on dirait qu’ils reviendront demain ?
Le rose a laissé la place à l’orange
Puis c’est le bleu qui se met à pousser lui aussi d’autres nuages
Que de nuages, alors !
On dirait qu’ils défilent !
Les gris foncé qui ont franchi la barrière du Coudon pour survoler la belle Rade
On dirait qu’ils poursuivent les autres !
Le ciel est maintenant de ce bleu neuf du premier matin du monde
Il a fait fi des nuages
Il est alors le ciel d’été
Bleu azur.