Guy Goffette, si grand poëte, nous a quittés il y a quelques jours.
En juin 2023, j’avais cité ici quelques un de ses vers. Les revoici :
Une question de bleu.
Le ciel est le plus précieux des biens dans l’existence.
Le seul qu’on puisse perdre le soir et retrouver au matin, à sa place exacte, et lavé de frais » (1)
Et en voici d’autres, car on n’a jamais assez de ces mots que les poëtes nous offrent avec magnificence et nous laissent quand ils s'en vont pour ne pas que nous nous sentions trop seuls :
Ce que j’ai vu, je l’ai écrit
comme la pluie sur les vitres
et les larmes des roses, et tout
ce que j’ai oublié demeure
Là, dans ce grand sac de voyelles
posé contre le pied de la table
où le temps passe entre ma vie
et moi sans blesser personne.
Quand plus rien ne chante au-dehors
je puise dans le sac et sème
sur la page un peu de poussière
d’oubli et le jour paraît comme
un musicien qui tend son chapeau. (2)
Un hommage bien plus fort, à la hauteur de Guy Goffette : la chronique d’Emmanuel Godo, dans La Croix, le mercredi 3 avril 2024.
(1) Guy Goffette : Le pêcheur d’eau, Ed. NRF Gallimard, 1995.
(3) Guy Goffette : Poussière d’oubli, in Petits riens pour jours absolus, NRF Gallimard, 2016, p. 13
Bonheur du jour - Page 45
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Hommage à Guy Goffette
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« Ouvert le ciel à la lumière d’été », nouvelle note de lecture sur « Ma vie était un fusil chargé »
« Ouvert le ciel à la lumière d’été » : Aller dans la colline cueillir du thym en fleurs et du romarin, également fleuri. Au retour, bien tout étaler sur une grande feuille de papier sur la table et laisser sécher quelques jours avant de mettre ce précieux mélange dans la boîte en métal qui lui est dédiée depuis des années. La première tisane de thym-romarin, cuvée 2024, est bue un soir tranquille, en lisant Virgile :
« Etre attentif à l’amandier dans les bois épais quand, couvert de fleurs, il ploie ses ramures parfumées/Si les fruits sont nombreux, les blés suivront » (1)
« … quand un soleil d’or a repoussé l’hiver sous la terre, et ouvert le ciel à la lumière d’été, aussitôt les abeilles parcourent bois et forêts, et moissonnent les fleurs pourpres, effleurent, légères, la surface des rivières » (2)
Ma vie était un fusil chargé : Nouvelle note de lecture sur le blog Petites Graines ! Merci beaucoup pour ce partage !
(1) Virgile, Le souci de la terre, nouvelles traduction des Géorgiques par Frédéric Boyer, NRF Gallimard, 2019, Livre I, p. 71
(2) Id, Livre IV, p. 211