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étendre le linge

  • Le parfum du soleil.

    De bon matin, enlever les draps du lit et les laver.
    Laisser le lit s’aérer.
    Etendre les draps en les lissant bien du plat de la main : le linge bien rangé sur le fil ou sur l’étendoir est source de satisfaction. On a toujours entendu dire : linge bien étendu est à moitié repassé.
    Avant le déjeuner, tâter le tissu : encore trop cru par endroit.
    Déplier et replier pour que ce qui est moins sec soit sur le dessus.
    Tout laisser ainsi jusqu’après la sieste.
    Une fois les draps bien secs, refaire le lit.
    Quand la dernière cigale s’arrête de chanter et que la nuit est profonde, s’installer sur le lit pour lire. Tout autour de soi, on sent le parfum du soleil.

  • L’antan : le linge.

    Il y avait le jour du blanc, le jour de la couleur, et, pour le linge délicat, le lavage à la main était quotidien. Presque jusqu’à la fin, elle avait lavé son « petit linge » à la main, le soir, avant de se coucher ; et quand elle n’en avait plus eu la force, on l’avait fait pour elle, de la même façon, tellement on l’avait vu faire ces gestes, répétés et répétés.
    L’antan est trop ancien pour la période de la lessiveuse trônant sur le gaz. Les souvenirs sont flous. Il y a aussi qu’on n’avait pas le droit de s’approcher. On ne pouvait que sentir l’odeur de la lessive chaude. Il était parfois possible de participer à l’essorage fumant au-dessus de la baignoire sabot et c’est sur l’étendoir qui se baissait et se relevait une fois la lessive installée qu’on a appris à étendre le linge.
    L’antan suivant fut celui des machines à laver miraculeuses mais la méthode antique qui avait fait ses preuves a été maintenue : le blanc, la couleur, et le « petit linge » dans la bassine avec les copeaux de savon.
    Pour mettre le linge sale dans le bac à linge, pas question non plus d’être sans méthode : draps, mouchoirs, bleus de travail, chemises, pantalons, sous-vêtements, chaussettes devaient être posés et non pas jetés en vrac, et pliés car le linge, ça se respecte.
    Pour l’étendage, l’adage était clair : linge bien étendu est à moitié repassé – ce qui induisait que le repassage serait la prochaine étape, incontournable, et même victorieuse. Avant d’étendre un pantalon sur l’étendoir, il faut le secouer, bien tirer sur le tissu et lui redonner sa forme. Un pull doit aussi secoué, lissé, posé à plat. Une chemise, bien secouée, est à mettre en forme sur un cintre et il ne faut pas oublier de bien aplatir le col et la bande de boutonnage. Les chaussettes sont à étendre en ligne, une pince sur le haut, mais il ne faut prendre qu’un bord de la chaussette pour que l’air puisse passer, tu vois.
    L’étendoir plein était une œuvre d’art.
    Le linge sec était plié avant que d’être repassé. Déplié pour être repassé. Replié pour être rangé.
    Quand on ouvrait armoires ou commodes, on trouvait un linge odorant, sagement endormi qu’on n’aurait osé malmener.
    On a pensé à tout cela quand on a étendu la première lessive au soleil du printemps.