Alors qu’on rentre, on se rend compte que la nuit tombe plus vite maintenant. On s’assied sur une chaise. On respire à peine comme si, après la décision qu’on a prise, on devrait se ratatiner pour prendre moins de place. A ce moment-là, on se souvient de Mozart, celui qui ne fut jamais la proie du désespoir. On murmure l’adagio du concerto pour clarinette. On se lève. On monte dans le bureau attraper le livre d’Eric-Emmanuel Schmitt, Ma vie avec Mozart. Le livre s’ouvre à la page qu’on aime : « Au début j’ai pensé que tu m’envoyais cet adagio par sympathie, juste pour me prouver que tu avais connu, toi aussi, le chagrin.
On laisse couler ses larmes.
Puis le morceau continua et je m’aperçus que tu me disais autre chose. Quoique douce, délicate, la clarinette refusait de fléchir, de céder à la déprime, elle remontait, elle chantait, elle s’épanouissait. Le chagrin se transfigurait. De ton sentiment, tu faisais une œuvre. La tristesse s’était muée en beauté.
J’appuyais mon dos sur la banquette de cuir, je renversais la tête en arrière et laissai couler mes larmes ».
Puis, on écoute l’intégralité du Concerto pour clarinette en la majeur, K. 622 en vaquant dans la maison, en brossant les chats qui reviennent le poil en désordre de leurs promenades dans les jardins brûlés de soleil, en lisant une lettre reçue le matin même, en se réjouissant que les graines de roses trémières soient en chemin, en préparant une tisane de tilleul ramenée d’Italie, …
concerto pour clarinette k 622
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Mozart, celui qui ne fut jamais la proie du désespoir.