On a toujours beaucoup aimé Karen Blixen et c’est avec gourmandise qu’on s’est plongé dans sa correspondance africaine. Cette femme exceptionnelle est restée debout sa vie durant en dépit de tout. Ce qu’on n’avait peut-être pas suffisamment mesuré, c’est sa capacité à analyser ce qu’elle a vécu pour en lire la continuité. Dans une lettre d’avril 1923 qu’elle adresse à sa mère, elle écrit : « Ce dont j’ai peur, et ce qui serait vraiment un malheur pour moi, c’est de ne pas avoir de continuité dans ma vie ; il me paraît que ce serait ce que je pourrais connaître de plus angoissant et que cela risquerait de me conduire à la démence, ou quelque chose comme ça ». Tout au long de ses années africaines, c’est ce sujet qu’on retrouve dans la grande majorité des lettres. Sa réflexion est quasi aboutie dans sa lettre bilan de septembre 1926, adressée à son frère : ce qui compte c’est ce chemin parcouru vers la liberté. C’est beau, n’est-ce pas, d’avoir compris qu’on avait eu un chemin, qu’il y avait une continuité à tout ce qui avait été vécu, et donc un sens, et qu'on allait poursuivre dans ce même sens.
Et vous, le fil conducteur de votre vie vous est-il bien visible ?
correspondance africaine
-
La question du lundi : la continuité d'une vie