J’ai perdu mon sourire pendant des décennies puis je l’ai retrouvé au fur et à mesure que la vie a de nouveau prospéré. Partout où je vais, maintenant, je souris. Comme tout à chacun, je pleure aussi quand j’ai du chagrin ou quand j’aide à porter un chagrin, ou quand le monde autour de moi, autour de nous, affiche insolemment sa folie et son chaos.
Mais je souris.
C’est ma force.
Une force bien fragile, c’est vrai, dans ce monde où toutes les armes prospèrent, qu’elles soient de guerre ou pas (les poings ou les mots cruels sont aussi des armes, comme l’indifférence ou la perversion et nombreux sont ceux qui peuvent, veulent et savent les utiliser).
Un sourire est-il une arme ? Non, je ne le pense pas : on ne peut pas l’empoigner pour le lancer violemment en criant. Un vrai sourire, des lèvres, des yeux, de tout le visage, un vrai sourire ne tue pas.
Un sourire est un don. « La plus grande puissance du monde, c’est le sourire », disait Maurice Zundel.
Mes chers amis, je vous souhaite pour 2026 d’être souriant, là où vous êtes, comme vous êtes. Un sourire, c’est
un matin qui revient toujours
une fleur qui repousse au printemps toujours et à jamais
une bravoure, aussi, et il nous faut être brave.
Il s’incarne sur un visage qui regarde un autre visage et c’est ce lien qui façonne notre humanité.
Bonne année souriante !
Bonheur du jour
-
2026. Etre souriant
-
La poésie comme racine
Quelques jours à marcher
sous la pluie
sous le vent
sous le soleil
en silence
en mettant chaque matin dans le petit sac à dos
un recueil de poésie pour lire
un carnet pour écrire
en s’arrêtant
pour lire
pour écrire.
Ainsi, ce matin, en partage avec vous, ce poème de Reiner Kunze (1) :
Chemins sensibles
Sensible
est la terre au-dessus des sources : aucun arbre ne doit
être abattu, aucune racine
arrachée
Les sources pourraient
tarir
Combien d’arbres sont
abattus, combien de racines
arrachées
en nous
(1) Rainer Kunze, Chemins sensibles, in Un jour sur cette terre, traduit de l’allemand par Mireille Gansel, Préface d’Emmanuel Terry, Coll. D’une voix l’autre, Editions Cheyne, 2011, p. 25