"Chardon argenté
S’en tenir
à la terre
Ne pas jeter d’ombre
Sur d’autres
Etre dans l’ombre des autres
une clarté" (1)
Grâce à ma lecture de « Boîter jusqu’au ciel », d’Albert Stricker, j’ai découvert le poète Reiner Kunze. J’ai lu ce poème hier soir, après une après-midi passée auprès de personnes fragiles et esseulées dont certaines ne peuvent déjà plus communiquer.
J’ai toutefois parfois
senti une légère pression de mes doigts par leurs doigts,
remarqué un frémissement à la commissure des lèvres qui pouvait peut-être être un sourire,
comme l’éclat fugace d’un regard qui regardait mon regard.
Parce que c’était une force
une lumière
un élan
qui m’étaient offerts,
je les ai remerciées comme je pouvais moi-même le faire :
en me penchant vers elles,
en serrant leur main,
en leur souriant,
en plongeant mon regard dans leur regard,
en allant vers leur lumière à partir de mon ombre.
(1) Reiner Kunze, Un Jour sur cette terre, Edition Cheyne, 2001, traduction Mireille Gansel, préface d’Emmanuel Terray
Bonheur du jour
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Reiner Kunze
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Des riens
Regarder les oiseaux venir se restaurer dans la mangeoire.
Ramasser du bois flotté sur la plage.
Récupérer plusieurs potimarrons en provenance directe de Manosque ; certains ont encore de la terre de leur champ collé à leur joli peau orange. Quand le temps sera venu de les cuisiner, on enlèvera précieusement cette terre pour la mettre dans une plante.
Sourire au blé qui pousse dans les trois petites coupelles installées près du cyclamen ; veiller aussi à lui apporter régulièrement quelques gouttelettes d’eau ; remarquer que certains grains de blé poussent plus vite que d’autres… Tiens, tiens, chez les grains de blé, c’est comme chez les enfants : chacun son caractère ?
Ecouter la sonate Arpeggione de Schubert ; inlassablement.