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Vers Callelongue.

Le paysage est aride autant que somptueux. C’est ou blanc ou vert. Les hauteurs pierreuses d’un blanc parfois presque pur, finement découpées par l’érosion, semblent avoir été un jour des vagues pétrifiées au moment de leur éclatement, comme la femme de Loth le fut quand elle s’est retournée. Les sentiers d’éboulis ajoutent leur propre teinte de blanc légèrement grisé. Même la mer en ce jour de temps couvert est vite enfouie dans une brume blanche jusqu’à son horizon informe. Des myrtes aux fruits encore verts, des épineux de toute sorte, quelques pins le plus souvent rabougris.
Ce paysage est admirable. On s’y sent tout petit. On s’y sent bien. C’est un bel écrin et, pourquoi, on ne sait pas, on se récite le Dormeur du Val de Rimbaud :

C’est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil de la montagne fière luit …

On pense à cet instant qu’on laisserait volontiers ici ses propres cendres car elles y seraient en paix. On regarde un peu partout, comme on visiterait une maison qu’on pourrait faire sienne.
Bouche ouverte, tête nue…
La lumière pleut…

Quand tout à coup, au détour d’une trace, il y a deux fleurs bleues.
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu.

Elles sont petites, mais si droites, se poussant du col comme pour se grandir. Elles ressemblent à des fleurs de lin car leur bleu est intense. Sans l’être autant que celui de la bourrache ou du bleuet, il en impose dans le décor de pierres blanches.
On est empêché de les cueillir pour les glisser dans les pages du petit carnet, car elles sont magnifiquement vivantes, ces deux petites fleurs à la tige blanche elle aussi. Elles nous regardent et nous disent : Regarde ce que la volonté peut faire au milieu de toutes ces pierres. Elles ne doutent de rien, les mignonnes.
Alors, on se tient droite, on se pousse du col pour se grandir, on range dans un des tiroirs de la mémoire vive cette image des deux fleurs plus fortes que la pierre et le pas devient si léger que l’éboulis ne l’emporte pas.

Commentaires

  • belle description de cet écrin méridional!
    (celui du Dormeur du val, je le vois plus foisonnant de vert :-))

  • Oui, ici, c'est très aride.
    Bon week end.

  • Quel texte magnifique . quelle belle image dans un temps difficile que ces deux petites fleurs bleues narguant les rochers. voila du courage pour toute la journée ! un grand merci à vous ! j ai été d'autant plus touchée que j'ai vécu longtemps dans une rue Callelongue, à une époque où j'ignorais encore que la vie peut parfois être rude... le temps de la jeunesse où j'arpentais aussi la calanque en n'y voyant que les bonheurs de l'eau, du soleil et des coeurs unis ! merci, vraiment merci !

  • Quel atout vous avez là, d'avoir vécu une époque où la vie était si légère. Voilà sur quoi vous appuyer chaque jour, ainsi que sur la beauté des calanques.
    Je vous embrasse. Bon week end.

  • Je ferme les yeux et j'y suis, c'est merveilleux !

  • Merci.
    Bon week end.

  • La lumière et la nature pleuvent à travers vos mots....on y est avec vous, oui!

  • Je voudrais faire passer la lumière autant que je peux.
    Bon week end.

  • Que la nature est belle lorsque l'on sait la regarder et l'écouter !

  • Elle permet un réel ressourcement.
    Bon week end.

  • Quel bonheur de te lire ce matin !
    Tu décris si simplement et justement les sensations ... toujours vers la lumière ... qu'on les ressent en même temps que toi.
    Ca fait du bien, merci.

  • Toujours vers la lumière, oui, je fais tout ce que je peux pour cela. Je voudrais être une passeuse de lumière - si cela existe.

  • Eloge de la ténacité...
    Une belle description qui donne envie de vacances!

  • Je crois bien qu'il faut rester debout et si la vie nous a jeté par terre, il faut tout faire pour se relever.
    Bon week end.

  • Superbe. Un bonheur pour le lecteur.

  • Merci. Merci beaucoup.

  • par la grâce du poète et votre belle écriture j'y suis dans ce lieu où il ferait bon laisser ses cendres

  • toujours étonnant ces fleurs qui s'épanouissent au milieu des cailloux

  • Cela m'épate toujours.

  • Extraordinaire, ce que les mots choisis peuvent nourrir l'imaginaire de ceux qui y sont sensibles.
    Les fleurs bleues, la pierre blanche, sèche, la mer au loin drapée dans son étole de brume... Ne manque qu'une petite musique...Mais laquelle ?

  • Le léger bruissement des feuilles de myrte dans le vent.

  • Que c'est beau, superbe! Bise et bonne journée dans la joie!

  • Un grand merci Bonheur du jour pour ce merveilleux billet. A chaque mot lu, j'avais l'impression de me trouver dans ce décor avec les jolies fleurs bleues.

  • Merci à vous. Bon week end.

  • Le dormeur du val m'a tiré des larmes à une époque .............
    Dame Nature a une force exceptionnelle !

  • Elle m'est indispensable.
    Bon week end !

  • Je vois ces fleurs dont tu parles et tes mots pour en parler sont splendides.
    Callelongue, au bout n'y a-t-il pas... le Belge, ce resto atypique qui se mérite ? Belle et douce nuit. brigitte

  • C'est dans une autre calanque. On peut y aller, je crois, de Callelongue.
    Bon week end.

  • je souhaiterais échanger avec vous sur votre bibliothèque de "solitude" mais sans doute hors web merci si vous être d'accord de me joindre à
    ivredelivres@gmail.com
    Dominique

  • Volontiers. Je vous envoie un mail dans la journée.

  • Un merveilleux paysage où l'âme s'abandonne...

  • Oui, c'est tout à fait cela.
    Bon week end.

  • Jamais vu cette calanque-là mais j'imagine..., portée par les souvenirs de ces roches d'une luminosité fabuleuse et de la végétation qui s'y cramponne on ne sait comment.

  • Il y a un joli petit port et des restaurants forts sympathiques.
    Bon dimanche!

  • Toute cette blancheur et cette lumière qui viennent inonder mon ciel si gris et la ponctuation forte de ces fleurs si décidées....Du bonheur. Merci

  • Elles m'ont donné une leçon de bravoure, ces petites fleurs là.
    Bon dimanche.

  • La mer et la montagne, font un beau ensemble dans ce billet. Bisous.

  • Au pays des calanques, une respiration, un paysage qui se peint devant me syeux.
    Merci pour cette évocation si belle.

  • Beau. Merci.

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