Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 6

  • Passer la soirée avec Jean-Paul, Napoléon, et un vieux colonel.

    Passer la soirée avec Outre-Terre, de Jean-Paul Kauffmann.
    C’est la première soirée. Après avoir entendu Jean-Paul Kauffmann il y a quelques jours sur France Musiques, on a décidé de lire son livre. On n’a jamais rien lu de lui, mais on le connait, bien sûr.
    C’est la première soirée, donc – mais on sait qu’il y en aura d’autres car ce livre, on l’a compris dès les premières lignes, fait partie de ceux qu’on va déguster, lentement, très lentement : parce qu’on va aller fureter dans les anciens livres d’histoire pour se remémorer l’épisode napoléonien, parce qu’on va regarder les cartes de l’Atlas historique, parce qu’on va aller fureter dans le rayon Balzac pour relire des passages du Colonel Chabert, et parce qu’on va passer de longs moments sans le lire, ce livre, qui sera simplement posé, grand ouvert les genoux. On restera là, dans la chambre calme du milieu de la nuit, entourée des chats qui dorment bien lovés dans des creux de couvertures ou de jambes croisées, et on réfléchira. C’est ainsi qu’on a fait lorsqu’on a atteint la page 45 et lu une citation du Colonel Chabert, à la fin de son histoire douloureuse : « Je vous méprise, je retourne là d’où je viens, c’est-à-dire chez les morts et, désormais, je suis hors d’atteinte ».
    Et alors on repense à tous les moments où, parce qu’il a fallu vivre mille morts, celles de morceaux de corps, celles d’êtres chers, celles de séparations, celles de soi-même sans doute, on a replongé goulument dans la vie parce que, justement, on ne voulait pas être chez les morts.

  • Première maraude de jasmin.

    En quittant la bibliothèque, sentir ce parfum puissant du jasmin. Le chercher, et le trouver, foisonnant au-dessus d’un mur de clôture, les fleurs écloses si blanches, les fleurs à venir encore repliées dans un petit cocon rose. Traverser la route en diagonale pour aller y plonger le nez. Poser les livres par terre, couper une branchette, puis deux, puis trois. Repartir avec les livres sous le bras, le jasmin dans la main, le sac sur le dos et, au bout de l’avenue, la mer à regarder, plus bleue aujourd’hui que le ciel, parsemée de bateaux blancs et brodée de pins.