Quelques jours à marcher
sous la pluie
sous le vent
sous le soleil
en silence
en mettant chaque matin dans le petit sac à dos
un recueil de poésie pour lire
un carnet pour écrire
en s’arrêtant
pour lire
pour écrire.
Ainsi, ce matin, en partage avec vous, ce poème de Reiner Kunze (1) :
Chemins sensibles
Sensible
est la terre au-dessus des sources : aucun arbre ne doit
être abattu, aucune racine
arrachée
Les sources pourraient
tarir
Combien d’arbres sont
abattus, combien de racines
arrachées
en nous
(1) Rainer Kunze, Chemins sensibles, in Un jour sur cette terre, traduit de l’allemand par Mireille Gansel, Préface d’Emmanuel Terry, Coll. D’une voix l’autre, Editions Cheyne, 2011, p. 25
LIRE
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La poésie comme racine
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Reiner Kunze
"Chardon argenté
S’en tenir
à la terre
Ne pas jeter d’ombre
Sur d’autres
Etre dans l’ombre des autres
une clarté" (1)
Grâce à ma lecture de « Boîter jusqu’au ciel », d’Albert Stricker, j’ai découvert le poète Reiner Kunze. J’ai lu ce poème hier soir, après une après-midi passée auprès de personnes fragiles et esseulées dont certaines ne peuvent déjà plus communiquer.
J’ai toutefois parfois
senti une légère pression de mes doigts par leurs doigts,
remarqué un frémissement à la commissure des lèvres qui pouvait peut-être être un sourire,
comme l’éclat fugace d’un regard qui regardait mon regard.
Parce que c’était une force
une lumière
un élan
qui m’étaient offerts,
je les ai remerciées comme je pouvais moi-même le faire :
en me penchant vers elles,
en serrant leur main,
en leur souriant,
en plongeant mon regard dans leur regard,
en allant vers leur lumière à partir de mon ombre.
(1) Reiner Kunze, Un Jour sur cette terre, Edition Cheyne, 2001, traduction Mireille Gansel, préface d’Emmanuel Terray