Lectures et relectures :
« Romain Gary, le caméléon », de Myriam Anissimov.
« La nuit sera calme », de Romain Gary.
« Le sens de ma vie », de Romain Gary.
La biographie de Myriam Anissimov est un livre fort intéressant, très fouillé, s’appuyant sur des documents et des témoignages. Mais je n’ai pas tout lu car, fondamentalement, cela m’importe peu que Romain Gary soit né à Vilnius ou à Moscou, que sa mère ait préparé des tas de lettres avant sa mort avec consigne de les lui envoyer pour qu’il tienne le coup pendant la guerre, ou que ce soit lui qui ait préparé des cartes postales à lui faire envoyer, ou qu’il se soit inspiré d’un roman de Nabokov dans lequel le personnage principal prépare des lettres pour sa bien-aimée avant de partir pour une mission périlleuse. Ce qui m’intéresse, c’est ce besoin de raconter des histoires.
Cette histoire de lettres, j’y crois, parce qu’elle est vraie dans le sens ou non seulement elle est extraordinaire mais aussi très réaliste par rapport au caractère de Mina, la mère de Romain Gary, dont il disait qu’elle était le premier Général De Gaulle qu’il avait connu.
Oui, c’est une histoire vraie comme seuls les grands romans en racontent. Et jusqu’au bout, Romain Gary racontera toujours les histoires comme elles ont été écrites dans ses livres, comme il le fait dans "Le sens de ma vie", une série d’entretiens qu’il a accordé à Radio Canada en 1980, peu de temps avant son décès ou encore dans "La nuit sera calme", une série d’entretiens fictifs, parue en 1974. Parce qu’il était ce qu’il y avait dans ses livres, essentiellement.
Prochaine lecture de Romain Gary : "Les Racines du ciel" – ce sera une relecture. Le titre est magnifique. Il est déjà une histoire.
LIRE - Page 5
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Un été avec Romain Gary.
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Highlands, au-delà de ce qu’on a perdu.
Lecture de « Highlands », de Jérôme Magnier-Moreno.
Livre emprunté à la médiathèque Jacques Duhamel de Sanary-sur-Mer, cote RP MAG. Publié en 2024, Ed. Gallimard, collection Le sentiment géographique.
L’écriture et les tableaux qui accompagnent le récit au point d’en faire partie sont superbes.
En lisant ce livre, j’ai pensé à ce que disait Hermann Hesse de la terre natale qui est bien souvent notre enfance ; ce moment de notre vie où les choses semblent si stables, éternelles sans doute, qu’il arrive bien souvent, quand un désastre nous touche alors que nous sommes devenus grands, qu’on veuille rembobiner le fil de notre histoire pour revenir à cet instant là pour reprendre souffle, s’abriter, être consolé dans cette « pure soie de l’enfance » (p. 72), tout remettre dans l’ordre.
Mais comme l’auteur le constate en repartant dans les Highlands où il fut si heureux, un été de son enfance, avec sa mère aujourd’hui disparue et alors qu’il vit une rupture, on ne peut réellement revenir au vrai lieu de notre enfance car s’il fût, il n’est plus, il ne peut plus exister – et c’est normal, c’est le cours de la vie, cela.
C’est qu’on a grandi et qu’il s’agit, un jour, de cesser de construire le présent uniquement par rapport au passé.
On aura beau revenir en arrière symboliquement en retournant là où on a été heureux et insouciant, quand une mère ou un être cher pansait les bobos ou tenait la main pour ne pas qu’on se perde sur le chemin ou berçait tendrement après qu’on se soit réveillé d’un cauchemar en disant « c’est fini, c’est fini, là… n’aie pas peur » ; on aura beau convoquer toutes les ombres et mêmes les amis des ombres ; on est devenu grand, un jour.
Oui, vraiment, un récit très beau sur ce qui n’est plus.
Oui, toujours regarder au-delà de ce qu’on a perdu.