Charles Juliet nous a quittés le 26 juillet. L’annonce de sa disparition m’a bouleversée : cet écrivain majeur faisait partie de ma vie depuis plusieurs décennies et il m’avait accompagnée sur mon long chemin. Il me l’avait fait comprendre : écrire sauve la vie.
Ses livres, je le sais, seront toujours là pour moi : les livres sauvent la vie.
Pour lui rendre hommage, voici quelques anciens Bonheurs du Jour :
mardi 26 octobre 2010. Sainte-Victoire.
Passer devant la Ste Victoire au moment du lever du soleil, et penser, comme à chaque fois, à Charles Juliet.
mercredi 27 octobre 2010. Sainte-Victoire. Bis.
Au retour, revoir la Ste Victoire que la brume du crépuscule colore d’un violet angora. Repenser à Charles Juliet.
samedi 06 août 2011. St Augustin et Charles Juliet.
Alors que les cigales cessent de chanter pour se reposer jusqu’au matin, continuer la lecture d’un joli livre de Charles Juliet : Ces mots qui nourrissent et apaisent.
Lire cette phrase de St Augustin : Aime et dis-le par ta vie.
dimanche 24 novembre 2013. Charles Juliet.
Charles Juliet à la Grande Librairie.
Rester sans voix, comme à chaque fois qu’on le voit, qu’on l’écoute… Une sorte de sidération.
mercredi 26 février 2014. Passer la soirée avec Charles Juliet.
Passer la soirée avec le dernier volume du journal de Charles Juliet.
Lire lentement. Déguster. Marquer quelques passages avec des petits post-it jaunes.
« Ecrire, c’est lutter contre le temps et la mort. Dans la mesure où elle est le lieu de ce combat, l’œuvre doit tendre à l’intemporel ».
« Désormais, la vie, je sais qu’elle a sa source en moi. Je ne suis plus tenté de la chercher au-dehors. »
Il a l’air heureux, maintenant.
Samedi 12 décembre 2020. Une phrase à méditer. Charles Juliet.
Il y a quelques jours, on a parlé longuement avec une jeune femme qui commence à comprendre qu’elle a le droit de ne pas être parfaite et de ce fait elle s’autorise de temps en temps quelques non libérateurs.
Justement hier soir, en lisant Le jour baisse, Journal X, 2009-2012 de cet immense écrivain et homme exceptionnel qu’est Charles Juliet, on a lu cette phrase :
« Quand nous ne sommes plus en guerre contre nous-même, le gain d’énergie qui en résulte provoque un radical changement. » (1)
C’est tout à fait vrai. Tout à fait juste.
(1) Charles Juliet, Le jour baisse, Journal X, 2009-2012, P.O.L., p. 175
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Hommage au si grand Charles Juliet.
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Un été avec Romain Gary, un anniversaire avec de la crème.
Un été avec Romain Gary : « Les cerfs-volants », un magnifique roman dédié à la mémoire, publié en 1980. Le dernier d’une œuvre prodigieuse. Quelques mots prononcés par Ambroise, l’oncle du narrateur, le jeune Ludovic, donne le ton des convictions qu’il serait bien d’avoir encore aujourd’hui : « (…) si tu aimes vraiment quelqu’un ou quelque chose, donne-lui tout ce que tu as et même tout ce que tu es, et ne t’occupe pas du reste… » (1)
Anniversaire : Dans la grande salle du restaurant de la grande maison pleine de pensionnaires durant l’été, pour une semaine ou plus, c'est selon, fêter l’anniversaire d’une dame dont on ne dira pas l’âge. On a fait préparer le grand gâteau à la crème qu’elle aime et au moment du dessert, on le lui amène, surmonté de bougies que, dans son émotion, elle a de la peine à souffler parce que vraiment, répètera-t-elle plusieurs fois, je ne m’y attendais pas ! A tour de rôle, chacun se lève pour lui présenter ses vœux – certains osent un baiser sur la joue qu’elle accepte bien volontiers tellement elle est heureuse -, on prend des photos, on sert à boire et le gâteau est coupé en autant de parts qu’il faut et qu’on amène d’un bout à l’autre de la pièce en veillant bien à n’oublier personne. Et quand la dame dont c’est l’anniversaire soulève son verre et salue toute l’assemblée joyeuse, elle sourit. C’est alors qu’on l’applaudit avant de se régaler de la bonne crème dont on n’hésitera pas à, éventuellement, s’en lécher les doigts et de vider le verre de Moscato.
(1) Romain Gary, Les Cerfs-volants, Folio, n°1467, p. 17. Livre emprunté à la médiathèque Jacques Duhamel de Sanary-sur-mer, cote R/GAR.