Même quand le cœur saigne on peut conserver son âme souriante. Celle qui sait que la vie est un cadeau dont il faut prendre grand soin. Elle n’ignore rien de la douleur, cette âme souriante, et elle s’attend toujours à ce que les barbares surgissent à tout moment. Cela a toujours été comme cela dans le monde. Mais rien ne l’empêchera jamais d’exister comme elle le fait car elle s’attend toujours aussi à la surprise du bien.
Ecrire quelques lettres et aller les poster en longeant la mer houleuse d’un jour de grand vent.
Relire les épreuves d’un nouveau livre qui paraîtra prochainement.
MOISSONNER / Moisson - Page 98
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Ame souriante, lettres, jour de grand vent, nouveau livre à paraître.
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Chalamov, violettes, deux chevaux tranquilles.
Quelques vers de Chalamov dans Cahiers de la Kolyma (1) (région de Sibérie où le poète était en exil dans un goulag) :
C’est que j’aime toujours à l’aube
Plus pure qu’une aquarelle
Le reflet laiton de la lune
Et le trille des alouettes
Quelques violettes sur les bords du sentier dans la forêt. Plus loin, des tapis d’hepatica triloba.
Deux chevaux tranquilles dans leur vaste pré qui se rapprochent aimablement de la barrière une fois qu’on les a salués afin de saluer à leur tour.
(1) Varlam Chalamov, Cahiers de la Kolyma et autres poèmes, Ed. Maurice Nadeau, 2016, p. 54.