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bastian - Page 2

  • Moisson.

    Envoyer un petit bouquet d’immortelles cueillies sur un joli petit chemin ensoleillé.
    Brosser les chats.
    En passant à Bastian, voir la bourrache en fleurs. S’arrêter pour en croquer quelques-unes.
    Ecrire trois pages.
    Rester à l’hôpital auprès de quelqu’un pour l’instant immobilisé et lui raconter la colline. Lui promettre qu’on ira aux champignons ensemble au prochain automne.



  • Gourmandise de mots : l’adresse des fleurs.

    Quand on a commencé à fureter dans le domaine de la botanique, on a pris le temps de consulter tout ce qu’on pouvait trouver sur la composition des herbiers. Non pas qu’on souhaitait en constituer un en bonne et due forme, mais c’est tellement magnifique à regarder.
    Herboriser demande une méticulosité sans pareille et la maîtrise d’un vocabulaire scientifique latin. Les botanistes sont des scientifiques rigoureux qui font un travail remarquable. Ils aiment la nature, la respecte, aident à sa préservation. Mais ici, on a vite fait le deuil du latin. On a tenté la méticulosité mais là encore, on a vite atteint ses limites. Ainsi des étiquettes qui vont de pair avec les fleurs cueillies (ou photographiées) pour en dresser la carte d’identité : car ce qu’on veut, ce sont des mots pour rêver.
    En marchant sur la corniche de Tamaris, on tombe en arrêt sur des liserons. Ils sont là, en gerbe, s’ouvrant à la lumière du matin. C’est magnifique. Là comme ailleurs, quand les liserons fleurissent, c’est simplement magnifique. Dans ce Midi qui nous est si cher, ils reviennent fidèlement chaque année, c’est une des rares certitudes du temps présent et aspirer à les revoir l’an prochain peut être un projet de vie tout à fait valable. Les fleurs sont en corolles (le botaniste utilise aussi ce mot, ouf) roses, mais plus foncées au cœur – le botaniste dit : à la gorge, ce qui est bien plus joli comme expression, puisqu’ainsi on parle de la fleur comme d’un visage ; on retiendra bien cela. Les tiges vont et viennent, rampent, se tournent, se retournent, comme l’ont toujours fait les liserons, ou les plantes lianes qu’on aime tant comme la belle ipomée – le botaniste dit : les tiges sont couchées-diffuses ou volubiles ; on mémorisera le terme volubile qui va bien avec la légèreté de cette fleur printanière et qui doit vouloir dire que la tige rampe, va, vient, revient, tournicote. On sait dire maintenant que les feuilles sont lobées et dentées, et on peut ajouter (notre sens de l’observation s’accroît) qu’il y a comme un arrondi à leur base – le botaniste dit : obtusément crénelées-lobées ; oh, ce terme, obtusément, est gênant : ces liserons mauves si fidèles ne peuvent avoir mauvais caractère.

    Pour la fameuse étiquette, on saura trouver le nom scientifique, peut-être pas le nom d’auteur, quoique ce serait bien pour lui rendre hommage, le pays oui, le département bien sûr, la commune évidemment, le lieu-dit… et bien ce sera « sur le bord du chemin de la Corniche au débouché du Manteau », à moins que ce ne soit : « à Bastian » ; ou encore : « en montant au Mai », « près du Fort dans le deuxième virage », « sur le chemin du Lançon, au croisement près du domaine viticole. »
    Et oui, les fleurs ont des adresses. Sur l’étiquette qu’on a conçue pour son usage personnel, on va mettre cette ligne-là : adresse. Et puis, on ne sait jamais, si on voulait leur écrire un jour ?