Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Gourmandise de mots : l’adresse des fleurs.

Quand on a commencé à fureter dans le domaine de la botanique, on a pris le temps de consulter tout ce qu’on pouvait trouver sur la composition des herbiers. Non pas qu’on souhaitait en constituer un en bonne et due forme, mais c’est tellement magnifique à regarder.
Herboriser demande une méticulosité sans pareille et la maîtrise d’un vocabulaire scientifique latin. Les botanistes sont des scientifiques rigoureux qui font un travail remarquable. Ils aiment la nature, la respecte, aident à sa préservation. Mais ici, on a vite fait le deuil du latin. On a tenté la méticulosité mais là encore, on a vite atteint ses limites. Ainsi des étiquettes qui vont de pair avec les fleurs cueillies (ou photographiées) pour en dresser la carte d’identité : car ce qu’on veut, ce sont des mots pour rêver.
En marchant sur la corniche de Tamaris, on tombe en arrêt sur des liserons. Ils sont là, en gerbe, s’ouvrant à la lumière du matin. C’est magnifique. Là comme ailleurs, quand les liserons fleurissent, c’est simplement magnifique. Dans ce Midi qui nous est si cher, ils reviennent fidèlement chaque année, c’est une des rares certitudes du temps présent et aspirer à les revoir l’an prochain peut être un projet de vie tout à fait valable. Les fleurs sont en corolles (le botaniste utilise aussi ce mot, ouf) roses, mais plus foncées au cœur – le botaniste dit : à la gorge, ce qui est bien plus joli comme expression, puisqu’ainsi on parle de la fleur comme d’un visage ; on retiendra bien cela. Les tiges vont et viennent, rampent, se tournent, se retournent, comme l’ont toujours fait les liserons, ou les plantes lianes qu’on aime tant comme la belle ipomée – le botaniste dit : les tiges sont couchées-diffuses ou volubiles ; on mémorisera le terme volubile qui va bien avec la légèreté de cette fleur printanière et qui doit vouloir dire que la tige rampe, va, vient, revient, tournicote. On sait dire maintenant que les feuilles sont lobées et dentées, et on peut ajouter (notre sens de l’observation s’accroît) qu’il y a comme un arrondi à leur base – le botaniste dit : obtusément crénelées-lobées ; oh, ce terme, obtusément, est gênant : ces liserons mauves si fidèles ne peuvent avoir mauvais caractère.

Pour la fameuse étiquette, on saura trouver le nom scientifique, peut-être pas le nom d’auteur, quoique ce serait bien pour lui rendre hommage, le pays oui, le département bien sûr, la commune évidemment, le lieu-dit… et bien ce sera « sur le bord du chemin de la Corniche au débouché du Manteau », à moins que ce ne soit : « à Bastian » ; ou encore : « en montant au Mai », « près du Fort dans le deuxième virage », « sur le chemin du Lançon, au croisement près du domaine viticole. »
Et oui, les fleurs ont des adresses. Sur l’étiquette qu’on a conçue pour son usage personnel, on va mettre cette ligne-là : adresse. Et puis, on ne sait jamais, si on voulait leur écrire un jour ?

Commentaires

  • Mais oui, mais comment n'y avais je jamais pensé ! C'est vrai que grâce à vous, j'apprends que les fleurs ont des adresses. :) :)
    Les fleurs, on les admire.
    On admire leur délicatesse, leur beauté naturelle...
    Les fleurs, on les hume, parfois elle ont une odeur enivrante...
    Les fleurs, on ne peut parfois également pas s'empêcher de les caresser...tout doucement...juste d'un bout de doigt...
    Les fleurs, on leur parle parce qu'elles sont tellement propices à la confession...
    Il y en a qui les mange...c'est qu'en plus certaines doivent être bonnes.....
    Alors, oui, pourquoi ne pas leur écrire quelques mots, à elle, à elles personnellement (cela se fait déjà mais en poème) elles méritent amplement qu'on leur adresse nominativement nos mots.
    J'ai laissé glisser mes mots sur votre dernière phrase...mais elle m'a inspirée...je me suis mise à rêver qu'en plus d'avoir toutes les qualités que j'ai décrites, elles savaient lire....
    En tous les cas, elles savent lire avec le cœur sans aucun doute.
    Une belle journée à vous.

  • Les fleurs des chemins, si éloignées des jardins botaniques où le liseron est banni, alors qu'il est si gracieux. Qui les regarde ? Qui les cueille ? Qui les identifie ? Qui ne les considère pas comme des mauvaises herbes ?
    C'est la bonne saison pourtant pour herboriser, les observer, en faire des bouquets, en recueillir quelques unes comme les belles sauges (Salvias pratensis) pour les replanter au jardin.
    Alors OUI ! à l'herbier des champs et des chemins, émaillé d'étiquettes aux lieux de cueillette évocateurs seulement pour nous ! J'ai gardé celui de mon enfance et il me rappelle tant de bons souvenirs.

  • On s’attache au liseron comme on s’attache aux mots du jour... décidément les fleurs ont un langage très poétique.

  • Tu nous gâtes Marie avec ces lignes si poétiques !
    Comme toi, j'aurais retenu les mots qui me parlent, me sentant un peu hermétique au langage complexe des botanistes.
    Et tu as raison de noter l'adresse des fleurs....déjà pour retourner les voir l'année prochaine, leur adresse est nécessaire !
    Bonne fin de semaine, je t'embrasse.

  • je lis en ce moment atour des oiseaux et j'ai moi aussi un vocabulaire parfois très expressif, parfois mystérieux, parfois savant j'aime bien ce mélange que vous avez aussi en botanique

  • La botanique est une forme de poésie.. J'aime aussi tous ces miracles de la nature.

  • comme j'aime dame Marie les mots qui voyagent et font rêver....... MERCI

    le liseron est pour moi souvenir d'enfance... en ville, dans un terrain qu'on disait vague, il me faisait rêver et j'inventais à l'observer ma future vie campagnarde... aujourd'hui et ici, il envahit mes jardins... au grand dam des jardiniers du pays... mais moi, je l'aime bien !!

  • J'aime ces volubiles et tu en parles si bien ! Leur adresse, pourquoi pas ? J'aime en regardant fleurir mes lupins me rappeler le village suisse où j'ai recueilli leurs semences.

  • L'adresse des fleurs ou le réenchantement de la botanique!
    A noter également que" La Rencontre " ne commence pas avec le Savoir
    (et cela pour rester dans la réflexion du début de la semaine)

  • j'aime beaucoup la romance de tes recherches pourtant si scientifiques que j'en éprouve de la honte alors que je les empêche (les liserons si chers à ton coeur) d'envahir mon jardin
    amitié .

  • "Les fleurs sont en corolles, roses, mais plus foncées au cœur"... j'aime ce langage imagé, plein de poésie. ... tes mots sont attachants, Marie comme le beau liseron qui se rappelle au printemps tous les ans.
    Beau week-en à toi.

  • Je vous souhaite de nombreuses retrouvailles annuelles avec les liserons.

  • Quel merveilleux billet si poétique. Que c'est beau l'adresse des fleurs. Mais oui, elles ont aussi leur adresse personnelle et c'est bien pour les retrouver.
    Doux week-end avec mes amitiés.

  • Lorsqu'elle était enfant, ma fille me demandait souvent
    le nom et le prénom des fleurs et maintenant...
    vous nous parlez de leur adresse : la réponse se complique !!!

    Fiorenza et ses pensées complices

  • Si jamais on écrivait aux fleurs... toute une poésie dans une éventuelle missive De lettre lilas en lettre lavande ! Belle journée à toi.

  • Tu m'as fait sourire... merci !
    Ce serait chouette de pouvoir leur écrire, et que le facteur sache où leur porter la lettre. :)

Les commentaires sont fermés.