C’est comme un tableau que quelqu’un aurait peint pour montrer ce qu'est un paysage parfait : le ciel bleu, sans une trace de nuage quel qu’il soit, un cyprès florentin à la pointe si effilée qu’il a dû participer à la peinture du ciel et, tout proche, un pin maritime au port étalé et tranquille.
Et les tombes.
« Ce toit tranquille où marchent les colombes
écrivait Paul Valéry dans le Cimetière marin.
Entre les pins palpite entre les tombes »
On ne voit pas la mer d’ici, c’est pourquoi le ciel a décidé d’en jouer le rôle. C’est rassurant pour le marin qui se repose et dont on veut bien croire qu’il peut toujours admirer les jours de grand beau, les grains ou les tempêtes.
On lui apporte ce jour des bruyères.
On pose aussi sur la pierre grise quelques graines de belles-de-nuit.
On les confie au vent, toujours compagnon de la mer.
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Ciel du jour avec bruyères.
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Ciel du matin.
L’aube se lève.
Le grand peintre du ciel fait des essais : sur le grand aplat cotonneux du jour naissant, il trace de biais des stries qui peu à peu se frangent ;
une framboise, une orange, une rose clair.
Puis, pointant de cet Est quotidien,
le bleu franc s’étale comme le fait tranquillement
mais inexorablement
une tache d’encre sur un buvard d’écolier.
Alors, les franges des lignes se dissolvent et l’air est cicatrisé.
C’est la nouvelle peau du jour.