Dans le sac à dos, en ce moment, L’œil américain, de Pierre Morency. Lecture lente, très lente, car c’est un grand plaisir de relire quelques passages plusieurs fois. Comme une gourmandise. Et, on peut le dire, comme une extase, ainsi des pages sur le pissenlit. Ou d'autres... Alors, pour partager, voici un extrait :
« Tout a été découvert, sommes-nous portés à penser dans nos moments de lassitude. Pendant ce temps-là, dehors, une exubérance à chaque seconde se renouvelle, les racines travaillent, les sources montent, les poissons fulgurent dans le torrent, les écorces crient, les feuillages se peuplent de nids, les nids répandent des chants, les gazouillis répondent à des feulements, des plaintes s’enroulent dans les creux du silence, les arbres inventent des musiques, les champs ondulent et crépitent à midi, les fleuves d’odeurs comblent des museaux, chaque aube a son soleil à nul autre semblable, chaque soir soulève des tours de sons inouïs, la nuit porte des lueurs, des oreilles se tendent pour tout saisir, des yeux cherchent des yeux, on marche sous les pierres, on pousse à la lisière, tout va mourir bien sûr, tout va partir en poudre sous la terre ou dans le vent, mais tout cherche à naître encore et toujours. Que jamais ne nous déserte cet éclair qui nous tient aux aguets. »
Pierre Morency, L’œil américain, p. 22/23, Le mot et le reste, 2021 pour l’édition française.
en lisant
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En lisant. Pierre Morency.